Univers 10 by Collectif

Univers 10 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 2013-05-05T22:06:51+00:00


parler pour Joe

par William BURROUGHS

L’homme allongé sur la table était jeune, musclé, apparemment en parfaite santé. Du doigt le médecin montra l’écran, une radiographie révélait des ombres irrégulières et phosphorescentes.

— Cancer… rongé, une variété locale que je nomme cancer faute de mots.

— Va-t-il mourir ?

— Naturellement… un cas désespéré.

— Combien de temps ?

Le médecin haussa les épaules :

— Demain, peut-être. Mais il pourrait bien végéter quelques semaines s’il se repose. Comme je vous l’ai déjà dit il n’est pas question que je l’hospitalise ici… Zéro ! Impossible de prendre en charge un cas désespéré.

— Peut-il marcher ?

Le médecin hocha la tête.

— Voilà le hic avec ce type de cancer. Aucun symptôme avant la fin. Puis c’est le collapsus, et en quelques heures la mort… quelques minutes dans certains cas…

— Douleur ?

— Seulement à la fin… je vous donnerai quelques cachets… Vous avez l’intention de reprendre la route ce soir ?

— Oui, sans aucun doute.

— J’ai l’impression qu’il ne supportera pas le voyage.

Il me tendit une boîte de cachets.

— Quand vous atteindrez la Station 18, contactez le Père Dupré. C’est le seul homme qui puisse vous apprendre ce qui vous attend ultérieurement… oh, il reprend connaissance maintenant.

Le jeune homme se redressa et se frotta les yeux.

— Eh bien, jeune homme, ça va aller, dis-je, jovial. Une fois arrivé à la Station 18, j’espérais bien être déchargé de ma responsabilité envers ce jeune soldat. 80 kilomètres de marche, et s’il se panique ce sera terrible. De la main le médecin nous montra la route.

— Prenez ce chemin, tout droit. Navré de ne pouvoir vous donner davantage de vivres, mais ça ira comme ça.

Sous un ciel laiteux s’étendait un paysage désolé, aucune végétation, et la route avait été tracée dans le rocher qui ressemblait à du ciment grisâtre.

— Eh bien, Joe, allons-y.

De temps à autre nous croisions des groupes d’indigènes pépiant comme des oiseaux.

— Quand est-ce que vous allez apprendre à parler l’anglais et vous civiliser ? aboya Joe.

— Écrase, Joe. Pourquoi parleraient-ils anglais ?

— Qu’est-ce que nos armées foutent ici ? C’est ce que j’aimerais savoir.

— Pour notre sauvegarde, espérons qu’elles ne se conduisent pas comme d’habitude en territoire étranger. Dois-je te rappeler que nous sommes désarmés ?

Joe ne possédait qu’un couteau de chasse, une hache était passée dans ma ceinture. Un groupe d’indigènes nous croisa, puis ils crapahutèrent à travers des sentiers escarpés, se dirigeant vers un groupe de bâtiments.

— Putains d’crabes ! hurla Joe, j’vais leur apprendre à respecter les Américains !

Il empoigna un caillou et les poursuivit avant que je puisse l’en empêcher. Il sortit de mon champ de vision. Il était derrière un mur fait de ce rocher grisâtre, ressemblant à du ciment poreux, comme tous les bâtiments dans cette région. Joe cria :

— Au secours ! Au secours !

« Mon Dieu, pensai-je à part moi, il a mis le pied dedans. »

Et c’est littéralement ce qu’il avait fait. En effet son pied était bien coincé sous un bloc de pierre rugueux d’environ 50 cm². Il était là, hurlant dans une cour, cherchant à dégager son pied.



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