Un peu plus sur la droite by Fred Vargas

Un peu plus sur la droite by Fred Vargas

Auteur:Fred Vargas
La langue: fra
Format: epub
Publié: 1970-08-04T04:00:00+00:00


Un peu plus sur la droite

Chapitre 17

Louis réussit à se lever vers neuf heures. Il voulait se dépêcher d'aller dire salut, comme ça ce serait fait, et le plus tôt serait le mieux, puisqu'il ne pouvait pas s'en empêcher. Marc avait raison, il aurait dû éviter, ne pas revoir son visage, ne pas regarder le mari, mais rien à faire, il n'avait jamais connu la sagesse d'éviter, il voulait faire des emmerdements. Pourvu qu'il ne fasse pas de tapage, de ces placides tapages qui mettaient les gens hors d'eux, et tout irait à peu près bien. Pourvu qu'il ne se conduise pas comme un caustique salaud. Tout dépendrait de la tête qu'elle ferait. Tout cela serait de toute façon triste et médiocre, Pauline avait toujours voulu du fric, elle aurait empiré avec les années et ce serait moche à voir. Mais précisément, c'était cela qu'il voulait voir. Voir quelque chose de moche, Pauline confite dans les billets de banque et le jus de poisson, couchant avec le petit homme en fermant les yeux, Pauline sans éclat, sans mystère, engoncée dans les couloirs de ses mauvais penchants. Et quand il aurait vu ça, il n'y penserait jamais plus, ça ferait toujours une case de vidée. Marc se trompait, il n'avait pas l'intention de coucher avec elle, mais de voir à quel point il ne voulait plus coucher avec elle.

Mais attention, se dit-il en sortant de l'hôtel, pas de tapage placide, pas d'ironie vengeuse, trop facile, trop grossier, faire attention à cela, bien se tenir. Il s'étonna de ne voir aucune voiture de flic devant la mairie. Le maire devait encore dormir et les appellerait mollement dans la matinée, et c'était encore ça de gagné pour l'assassin. Le visage de la vieille écrasée sur les rochers, du maire dormant, de Pauline dans le lit du type, le visage d'une ville de cons. Attention, pas de tapage.

Il se présenta à l'accueil du centre de thalassothérapie, tirant sur son mètre quatre-vingt-dix, conscient de se tenir très haut, très droit, et demanda à voir Pauline Darnas, puisque c'était son nouveau nom. Non, ce n'était

pas pour une admission, il voulait voir Pauline Darnas. Elle ne recevait personne le matin? Bien, d'accord, pourrait-on avoir l'amabilité de lui dire que Louis Kehlweiler désirait la voir?

La secrétaire fit partir le message et Louis s'installa dans un fauteuil jaune, immonde. Il était content de lui, il avait fait les choses bien, poliment, selon les usages. Il dirait salut et il s'en irait sur l'image renouvelée en moche de cette femme qu'il avait aimée. Les flics allaient rappliquer à Port-Nicolas, il n'allait pas passer la nuit là-dessus, dans ce hall luxueux où il n'y avait rien de beau à voir. Salut et au revoir, il avait autre chose à foutre.

Dix minutes passèrent et la secrétaire revint vers lui. Mme Darnas ne pouvait pas le recevoir et le priait de l'en excuser, qu'il repasse une autre fois. Louis sentit les bons usages se pulvériser. Il se leva trop brusquement, manqua perdre l'équilibre



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