Un bon petit diable by Comtesse de Ségur

Un bon petit diable by Comtesse de Ségur

Auteur:Comtesse de Ségur
Format: epub


XV

Madame Mac’Miche dégorge et s’évanouit

Le juge de paix, voyant entrer Charles. – Comment, te voilà, mon garçon ? Eh bien ! tu n’as pas fait une longue station à Fairy’s Hall. Comment t’en es-tu tiré ? Est-ce pour longtemps ?

Charles. – Pour toujours, Monsieur le juge ! Et je viens vous demander votre appui pour ne pas rentrer chez ma cousine Mac’Miche, qui, d’ailleurs, ne veut pas de moi ; et puis, pour me permettre de vivre chez mes cousines Daikins.

Le juge. – Écoute, mon ami ; pour moi, ça m’est égal ; mais tu ne dépends pas de moi seul. Tes cousines Daikins ne sont pas riches, tu le sais bien ; peut-être ne voudront-elles pas de toi. Elles n’auront pas de quoi t’entretenir.

Charles. – Mais moi, je suis riche, Monsieur le juge, et je leur abandonne volontiers tout ce que j’ai.

Le juge. – Tu m’en as déjà touché un mot ; tu m’as dit que tu avais cinquante mille francs ; ta cousine Marianne m’en a parlé aussi ; mais ta cousine Mac’Miche jure ses grands dieux que ce n’est pas vrai, que tu n’as rien.

Charles. – Elle ment ; elle ment, Monsieur le juge. Demandez à Marianne qu’elle vous fasse voir ses preuves ; vous saurez de quel côté est la vérité.

Le juge. – Je verrai, je m’en occuperai, mon ami ; en attendant, je t’accorde volontiers l’autorisation de vivre chez tes cousines Daikins ; voilà deux braves filles, et qui ne ressemblent pas à la cousine Mac’Miche !

Charles. – Merci, merci, mon bon Monsieur le juge. Juliette va-t-elle être contente, aussi contente que moi !

Le juge, riant. – Juliette aime un petit diable comme toi ? Allons donc ! quelle plaisanterie !

Charles. – Elle m’aime si bien, qu’elle pleurait quand j’ai dû entrer chez M. Old Nick. Ainsi ce n’est pas de la petite affection, ça ! pleurer ! C’est qu’on ne pleure que lorsque le cœur est bien touché ? Je sais ça, moi !

Le juge, riant. – Bon ! Tant mieux pour toi si Juliette t’aime ; cela prouve que tu vaux mieux que je ne pensais. Va, mon ami, va chez tes cousines. Je m’occuperai de ton affaire. Justement j’entends Marianne.

Charles. – Et vous donnerez ce qui m’appartient à mes cousines Daikins, Monsieur le juge, n’est-ce pas ?

Le juge. – Ceci ne dépend pas de moi, je te l’ai déjà dit. Je ferai seulement de mon mieux pour éclaircir l’affaire.

Charles sortit à moitié content ; il craignait d’être à charge de ses cousines, et que Juliette surtout ne souffrît de leur position gênée. Il alla du côté de la rue du Baume-Tranquille, et il dut passer devant la maison de Mme Mac’Miche, rue des Combats ; elle était dans sa cuisine. Charles mit le nez à la fenêtre et vit Mme Mac’Miche avec un monsieur qui lui était inconnu ; tous deux tournaient le dos à la fenêtre, et causaient avec animation, surtout Mme Mac’Miche. Son bonnet de travers, ses mouvements désordonnés dénotaient une vive agitation et un grand mécontentement.



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