Tous les pièges de la Terre by Simak Clifford D

Tous les pièges de la Terre by Simak Clifford D

Auteur:Simak, Clifford D. [Simak, Clifford D.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelles, SF
Publié: 1963-07-14T16:00:00+00:00


LARMES À GOGO

C’était samedi soir et je me prélassais sur ma véranda. Mon biberon à côté de moi, j’entamais ma petite fiesta hebdomadaire. Je commençais à me sentir vraiment bien. C’est alors que j’ai vu arriver cet étranger et son robot.

C’était sûrement un étranger. Il ressemblait à s’y méprendre à un homme, mais aucun homme ne remorque de robot sur ses talons. Si j’avais été tout à fait sobre, ça m’aurait paru drôle, mais voilà, je ne l’étais pas… Pas tout à fait, c’est-à-dire.

Alors, je lui ai dit bonsoir et l’ai invité à s’asseoir. Il m’a dit merci et s’est assis.

— Vous aussi, j’ai dit au robot et je me suis levé pour lui faire de la place.

— Non, il reste debout. Il ne peut pas s’asseoir, ce n’est jamais qu’une machine, expliqua l’Étranger.

Pour toute réponse, le robot fit cliqueter un de ses rouages.

— Buvez donc un coup, dis-je en attrapant la bouteille, mais l’Étranger refusa d’un signe de tête :

— Je n’ose pas, dit-il. Mon métabolisme…

Encore un de ces mots à coucher dehors. Mais j’y étais habitué. En travaillant au sana du docteur Abel, j’avais chopé un peu de son jargon de toubib.

— Dommage, dis-je. Ça vous gêne pas que je ?…

— Du tout, dit aimablement l’Étranger.

Je m’envoyai une bonne rasade. Ce n’était pas de luxe.

Je reposai le pichet, m’essuyai la bouche et lui demandai si je pouvais lui être utile. Je me sentais gêné de rester planté là, à siroter ma gnôle pendant que lui se serrait la ceinture.

— Vous pouvez me renseigner sur la ville, dit l’Étranger. Vous l’appelez Millville, je crois ?

— C’est ça. Et qu’est-ce que vous voulez savoir dessus ?

— Toutes les histoires tristes, dit le robot sortant enfin de son silence.

— C’est ça, approuva l’Étranger. – Et il s’installa avec l’air de se pourlécher les babines. – Racontez-moi tous les ennuis, tous les chagrins que vous connaissez.

— Par quoi je commence ?

— Vous, par exemple ?

— Moi, j’ai pas d’ennuis. Toute la semaine, je suis gardien au sana et le samedi, je me saoûle. Le lundi je me dessoûle pour commencer une autre semaine… Croyez-moi, Monsieur, j’ai pas à me plaindre. Je changerais pas contre un autre.

— Mais il y a sûrement des gens…

— Pour sûr, qu’il y en a ! J’connais pas d’endroits où on se lamente plus qu’ici, à Millville. Je crois bien que je suis le seul qui n’ait pas à se plaindre. Et le pire, c’est qu’ils n’arrêtent pas de gémir.

— Racontez-moi.

J’avalai une autre lampée et je me mis à lui raconter l’histoire de la Veuve Frye, qui habitait au bout de la rue. Je lui racontai comment sa vie n’avait été qu’un long calvaire, comment son mari l’avait plaquée quand son petit garçon n’avait pas plus de trois ans, et comment elle avait dû se mettre à faire des lessives, à s’user les doigts jusqu’à l’os pour assurer leur existence à tous les deux. Et comment le gosse n’avait pas plus de treize ou quatorze ans quand il



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.