Space O.P.A. by Costikyan Greg

Auteur:Costikyan,Greg [Costikyan,Greg]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
ISBN: 9782367934822
Éditeur: L'Atalante
Publié: 2018-01-24T23:00:00+00:00

J’étudiai le plan. Les plus grandes chaînes de magasins du pays et un grand nombre d’entreprises étrangères avaient un point de vente ici : Wal-Mart, Bloomies, Sears, Nordstroms ; Harrods, Gum, Miyamoto. Mais la liste était interminable : on trouvait non seulement les pièges à gogos habituels, mais encore des galeries d’art, des salles des ventes, des antiquaires. Bloomies n’était pas loin et j’allai y flâner pour essayer de bavarder avec le directeur, mais il refusa de me recevoir.

Normal ; les chaînes centralisent leurs achats. J’allais devoir tenter ma chance au siège.

Que me restait-il ? Les indépendants. Il devait y en avoir suffisamment.

Je passai devant une boutique à l’enseigne de « L’Objet terrestre » et y entrai sur un coup de tête. Sculptures balinaises, poupées gigognes russes, mobilier Louis XIV. Les prix étaient démentiels. Trois cents dollars pour un petit poisson balinais ciselé ? On pouvait l’avoir pour quarante en Californie et pour deux en Indonésie.

Je m’étais fixé un prix de vente au détail de cinq dollars pour le sommelier de poche Mukerjii, ainsi que mon gadget était désigné sur l’emballage ; c’était une marge très élevée en comparaison de son prix de revient. Mais je décidai en mon for intérieur de le monter à dix dollars. Puisque tout le monde en profitait, ce n’était pas moi qui allais casser les prix.

L’Objet terrestre n’était pas intéressé, mais je ne m’y attendais pas de toute façon.

Kmart, Star Express, Sol System Outfitters, l’A&P et Crustacées R Us non plus… Je remontai l’essieu, déambulai dans la jante, empruntai les tubes en apesanteur, m’efforçant d’amorcer partout où ça me paraissait plausible.

Six heures plus tard, assis sur un banc en plastique bleu, j’avais retiré mes chaussures pour me masser les pieds, le dos ruisselant de sueur et très abattu. Je n’avais toujours rien vendu. Je vis passer un troupeau d’arthropodes en chemises hawaïennes ; les chemises avaient été retaillées pour des êtres à huit pattes. Je les avais déjà croisés chez Crustacées R Us. Un dixième seulement des clients de la galerie marchande étaient d’origine extraterrestre, mais ils étaient les seuls à acheter. En ce qui me concernait, je n’aurais jamais acheté à ces prix.

Je dus néanmoins revenir sur ma décision ; je mourais de faim. Un établissement nommé Chez Frank, Dépannages se trouvait au bout du couloir. On apercevait des poupées Barbie et des piles de Coca dans la vitrine ainsi que deux panneaux annonçant respectivement VÉRITABLE NOURRITURE TERRESTRE et… autre chose en galimatias extraterrestre. Je soupirai. J’aspirais à une « véritable nourriture terrestre ». J’enfilai mes chaussures et j’entrai, fourbu.

La « véritable nourriture terrestre » se composait de saucisses au chile et de burritos chauffés au four à micro-ondes. Je n’avais pas faim à ce point. Je longeai une travée d’articles de toilette en examinant la marchandise d’un œil intéressé ; une bonne partie des produits étaient extraterrestres et présentés dans leur emballage d’origine. Il y avait notamment une espèce de pic à glace terminé par une brosse à dents : je n’avais pas la moindre idée de son usage.

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