Mets ton doigt où j’ai mon doigt by Dard Frédéric

Mets ton doigt où j’ai mon doigt by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [Dard, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265090149
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


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Une vieille maison délabrée dans un parc en friche. La plaque du portail, annonce : « Docteur Adhémar Rapière. Ex-Interne des Hôpitaux de Paris. Médecine générale, voies urinaires. »

Je remonte l’allée broussailleuse qui mène à un petit porche triste sommé d’une lanterne fêlée.

Je sonne.

Ça ne répond pas.

J’insiste.

Alors une voix étouffée, masculine de surcroît, comme l’écrivait la Comtesse de Ségur dans son Ode au Maréchal Pétain, lance un : « Entrez, bon Dieu ! » qui sent son homme de caractère.

Je pousse la porte. Elle n’attendait que ça pour s’ouvrir.

Vingt-gu, ce que ça fouette dans la bicoque ! L’aigre, le sale, le délabré. Les murs sont écaillés, mais on ne peut pas les voir car des piles de livres et de revues sont dressées contre. Une horde d’insectes que, n’étant pas entomologiste, je ne puis te mieux préciser, se disperse en carapapatant sur le carrelage démis qui tremble sous tes pas.

Le couloir est obscur. Quatre portes y donnent, qui toutes sont grandes ouvertes. Je perçois un halètement. Le bruit, tu n’y peux rien, c’est ce qui t’incite le mieux après la lumière. Aussi, m’y dirigé-je.

J’arrive de la sorte au cabinet de consultation du praticien, et bien m’en trouve, car il m’est dès lors accordé de voir une scène particulièrement particulière.

Je te la livre in extenso pour que tu te fasses moins mal.

L’antre, d’abord…

Là, comme dans le couloir, les imprimés (livres et revues) ont continué leur inexorable invasion… Au point qu’on se croirait dans quelque entrepôt de soldeur, comme on en trouve encore dans la rue du Caire, à Paris. Il ne reste que peu de place pour l’équipement professionnel du docteur. Cet équipement se compose : d’un vieux bureau déglingué, d’une table d’examen, et d’un lavabo antédiluvien, dont l’émail est presque totalement parti.

Pour l’heure, une personne de sexe infiniment féminin (aucun doute ne m’est laissé) occupe la table aux repose-jambes largement déployés… C’est d’elle que proviennent les râles mentionnés quelque peu précédemment. Un monsieur d’âge est installé entre les jambes de la patiente, sur un prie-dieu. Mais en guise de dévotions, il lui développe une magistrale tyrolienne à crinière. L’intéressée (ô combien intéressée) se trémousse de plus en plus vitement. Ses plaintes montent. Elle ronronne. Mentionne le nom du Sauveur. Appelle sa mère. Clame des onomatopées d’intonations affirmatives. Et assure que c’est bon, que c’est bon, qu’ c’est b’on, qu’ c’ b rrrouhâââ ! Conscient de ma présence, le prodigueur se retire un instant de son embouchure. Effectivement, il est vieux, barbu façon Victor Francen, avec l’œil sévère.

— Je suis à vous tout de suite, jeune homme ! me dit-il, Madame est sur le point de partir.

Ensuite de quoi, il retourne à son mouton, lequel est particulièrement noir et frisé.

Il active la manœuvre. La complète de la main droite d’abord, ensuite de la gauche.

La toute belle envolée, mes chéries. Le bouquet somptueux. Une apothéose !

Comme annoncé par l’expert, la dame part en effet. C’est un décollage glorieux, ample et sûr. Elle tremble de tous ses réacteurs, son fuselage a la danse de saint Guy.



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