Maurice by Eugène Scribe

Maurice by Eugène Scribe

Auteur:Eugène Scribe [Scribe, Eugène]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Nouvelle
Éditeur: Les Bourlapapey Bibliothèque numérique romande
Publié: 2015-04-05T19:27:59+00:00


V

UN AN APRÈS

Ce voyage, qui, autrefois, l’aurait enthousiasmé, qui lui aurait rappelé les études et les admirations de son jeune âge, le laissa froid et indifférent ; son imagination était morte ainsi que sa jeunesse ; il ne voyait rien sur sa route, et n’avait qu’un désir, celui de s’éloigner de Paris, car il sentait bien qu’il n’y pouvait plus rester. Mais une fois arrivé à Constantinople, il ne rêva plus qu’à la France et à Paris. Il lui semblait que de si loin il pouvait le faire sans danger, et les souvenirs qu’il avait voulu fuir revinrent en foule auprès de lui. C’était elle, toujours elle, qui l’accompagnait dans toutes ses excursions ; elle ne le quittait point, et lorsque dans les rues de Constantinople, dans ses palais, dans ses mosquées, sur les rives mêmes du Bosphore, on lui disait : Regardez !... son œil distrait ne voyait en ce moment que le salon et le boudoir d’Amélie.

Et cependant Maurice avait rencontré à Constantinople des amis, d’anciens camarades de Sainte-Barbe. Où n’y en a-t-il pas ? Un barbiste était alors le chargé d’affaires, aujourd’hui l’ambassadeur de la France auprès de la Sublime-Porte. J’ai fait mes études avec lui, il était de mon temps, et dans la bouche d’un camarade l’éloge est suspect. Je me tairai donc ; mais ceux qui l’ont connu sur le sol étranger diront combien son accueil était cordial et sa maison hospitalière pour tous les Français, à plus forte raison pour un barbiste.

Maurice trouva auprès de lui conseils, protection et amitié. Dans le plus beau pays du monde et sous ce ciel enchanteur, il aurait pu vivre heureux. On lui proposait même de rester attaché à l’ambassade, et avec son instruction, son aptitude à tous les genres de travaux, dans sa position surtout, c’était une fortune à tenter, une nouvelle carrière qui s’ouvrait devant lui. Mais toutes les carrières étaient finies pour Maurice ! À vingt-cinq ans, il regardait sa tâche comme terminée, et sa promesse comme accomplie ! L’année s’avançait, et maintenant sa seule idée était de retourner en France et d’y être avant le 4 décembre, comme il l’avait juré. Sentant bien qu’il ne pouvait vivre ainsi et que son existence ne serait pas longue, c’était en France, du moins, qu’il voulait mourir !

Il débarqua à Toulon vers la fin de novembre, et le 3 décembre dans la matinée il était à Paris.

Maurice, en arrivant, s’était bien promis que sa première visite serait pour le docteur et pour moi, ses deux meilleurs amis. Mais le sort en avait décidé autrement. Quoique fatigué d’un long voyage, il se hâta de s’habiller et il sortit. Son intention, comme je l’ai dit, était de venir en droite ligne chez le docteur et chez moi, mais il calcula en route qu’il ne s’éloignerait pas de son chemin en passant devant la porte d’un certain hôtel qu’il voulait voir, le voir seulement ! pas autre chose. Aussi je n’ai jamais compris, ni lui non plus, comment il se



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.