#Maria2024 by Valentin Pringuay

#Maria2024 by Valentin Pringuay

Auteur:Valentin Pringuay [Valentin Pringuay]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2023-12-31T23:00:00+00:00


Chapitre 5

« Si l’on me tire dessus, je ne veux pas qu’un homme se trouve sur la trajectoire de la balle » ― Andrew Johnson (Président des États-Unis de 1865 à 1869, suite à l’assassinat d’Abraham Lincoln)

La MariaCam était une trouvaille de l’équipe de campagne recrutée par Oliver Desmond. L’idée était simple, efficace, et elle s’imbriquait à merveille avec le concept de transparence qu’elle avait instauré dans son discours.

En effet, une minuscule caméra allait être installée sur Maria Esposita de manière permanente pour permettre aux citoyens de visualiser constamment ce qu’elle verrait.

— Quand nous parlions de transparence totale, lui expliqua Oliver. La MariaCam est le symbole parfait du fait que nous avons bien l’intention de remplir cette promesse.

— Mais comment je fais lorsque je dois aller aux toilettes, avait-elle demandé.

— Un petit bouton ici va vous autoriser à placer le flux vidéo en pause pour la durée de ces moments privés. L’objectif sera néanmoins de couper la retransmission le moins souvent possible.

Les sentiments de Maria vis-à-vis de cette idée étaient pour le moins partagés. C’était effectivement innovant et aligné sur sa vision d’une politique transparente. Elle n’arrivait cependant pas à se défaire d’une sensation au plus profond d’elle. Maria était mal à l’aise à l’idée d’être observée vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elle sentait son estomac entièrement noué.

La MariaCam fut pourtant un immense succès à la minute où elle fut introduite. Plusieurs dizaines de milliers d’Américains étaient connectés à tout instant de la journée et l’intérêt des médias se cristallisa encore davantage sur sa campagne. La raison était simple : il n’y avait désormais plus aucun filtre et il était possible de connaître l’intégralité de ses paroles.

Autrefois, les personnages politiques craignaient qu’une caméra les enregistre quand ils disaient une bêtise. Aujourd’hui, Maria portait cette caméra sur elle en permanence et chaque instant était scruté et analysé.

Maria Esposita n’était plus seulement candidate à la présidence des États-Unis d’Amérique. Elle était la plus grande star de reality show du moment, une influenceuse. Le symbole d’un pays qui, après avoir été fondé sur l’idée que tout était possible, que la célébrité pouvait être accessible à absolument n’importe qui, avait connu huit années d’Obama, quatre de Trump et quatre de Biden.

Trois hommes, dont deux blancs. Trois hommes, dont deux n’auraient jamais pu se présenter un siècle plus tôt, l’un étant trop stupide et l’autre trop noir.

Le self-made-man avait encore de beaux jours devant lui. On parle d’ailleurs beaucoup moins souvent de self-made-woman, à croire que cela constitue une perspective absurde.

Maria débuta donc sa tournée du pays avec une caméra clipsée au niveau de son décolleté, entre ses deux seins. Comme si cette partie de son anatomie n’avait pas déjà assez attiré les regards masculins, elle avait désormais un objectif placé là, diffusant en permanence l’image des personnes qui se trouvaient face à elle.

Sa campagne allait commencer en Floride, ce swing state[3] où elle était donnée favorite. La loi de l’empathie jouait à son avantage : Maria avait vécu toute sa vie dans cet État, et les Floridiens



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