Maitresse by Unknown

Maitresse by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-12-31T13:46:48+00:00


Les journées s’écoulaient interminablement sous le soleil brûlant. J’étais presque toujours seule, car Domitien passait le plus clair de son temps en allées et venues entre Tivoli et Rome, où l’appelaient les affaires de l’Empire. Je restais des heures dans les boutiques, je me baignais sans fin. Je m’inquiétais aussi à propos de Vix, qui causait probablement des ennuis à Pénélope. Nessus fit mon horoscope et y trouva les mêmes mauvaises nouvelles qu’il avait lues dans ma main. Comme il en paraissait désolé, Ganymède lui caressa la main et le consola de son gazouillis sans paroles. Je me demandai s’ils étaient amants. Muet ou pas, il était impossible de ne pas aimer Ganymède.

Dans les moments de loisir que lui laissait la rédaction d’une nouvelle législation, Domitien écrivait un traité sur les soins des cheveux. Lui-même avait tendance à devenir chauve, mais malheur à qui aurait osé y faire allusion. Je lui suggérai de mentionner le rinçage aux fleurs de sureau pour faire briller les cheveux : il me dit de me taire. Un empereur donnant des conseils capillaires ? À chacun ses distractions. L’empereur Tibère jouait avec de petites esclaves, Claude étudiait les Étrusques, Domitien écrivait sur le cheveu. Son autre distraction consistait à aligner les esclaves au pied de la terrasse et à tirer des flèches entre leurs doigts écartés. Il était très bon à ce jeu : il ne manquait son but que s’il le voulait bien. Et il ne le manquait que lorsqu’il était de bonne humeur.

Je chantais pour Larcius. Je le voyais, grand, rose, approbateur. Pénélope était là aussi ; elle me disait de dormir davantage. Larcius, lui, me trouvait enrouée. C’est à force d’être étranglée, disais-je gravement, et il comprenait. Puis il disparut, et je sus que j’avais rêvé.

Un mois déjà. Encore quelques mois et, l’été terminé, Domitien retournerait à Rome, et moi je rentrerais à Brundisium, près de mon fils, près de Larcius et de sa douce voix. Quelques mois. Mais ils passaient très lentement.

— Nessus me dit que tu as rencontré ma nièce, Flavia Domitilla.

— Oui, c’est vrai.

— Une cervelle d’oiseau, tout comme sa mère. Et chrétienne, par-dessus le marché. Sais-tu ce que sont ces chrétiens ? Des rats qui courent dans les catacombes et qui peignent des poissons sur les murs. J’avais envisagé de retirer ses fils à Flavie, mais, jusqu’ici, ils me paraissent être de bons Romains.

— Tu penses donc en faire tes héritiers ?

— Exact. Puisque ma femme ne m’a pas laissé d’autre choix. Envisages-tu de m’en procurer un toi-même ? Je crois savoir que tu as au moins un enfant...

— Il est à la campagne, mentis-je en toute hâte. Je n’aime pas les enfants. Je ne l’ai seulement jamais vu.

Mon Dieu, fais qu’il me croie ! La seule idée de Vix entre les mains de ce monstre...

— Ouvre les yeux, souffla Domitien, et dis que tu as peur de moi.

— Non.

— Je le sens à ton odeur.

— Non.

De longues nuits où la lune brûlait comme de l’argent chauffé au feu.



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