Maigret voyage by Simenon Georges

Maigret voyage by Simenon Georges

Auteur:Simenon, Georges [Simenon, Georges]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Le livre de poche, Policier
Publié: 2012-11-24T12:12:15+00:00


CHAPITRE 5

Où Maigret rencontre enfin quelqu’un qui n’a pas d’argent et qui se fait du souci.

Il dormit mal, sans perdre complètement conscience de l’endroit où il était, de l’hôtel aux deux cents fenêtres ouvertes, des lampadaires encadrant le jardin public aux pelouses bleuâtres, du casino désuet comme les vieilles dames aux toilettes d’un autre âge qu’il y avait vues entrer après le dîner, de la mer paresseuse qui, toutes les douze secondes – il avait compté et recompté, comme d’autres comptent les moutons – laissait retomber une frange ruisselante sur les rochers du rivage.

Des autos s’arrêtaient et repartaient, faisaient des manœuvres compliquées. Des portières claquaient. On entendait si distinctement les voix qu’on avait l’impression d’être indiscret, et il y avait encore les cars bruyants qui amenaient les joueurs par pleines fournées pour en emporter d’autres, et aussi de la musique, en face, à la terrasse du Café de Paris.

Quand, par miracle, un court silence s’établissait, on découvrait en arrière-fond, comme la flûte dans un orchestre, le bruit léger, anachronique d’un fiacre.

Il avait laissé sa fenêtre ouverte parce qu’il avait chaud. Mais, comme il n’avait emporté aucun bagage et qu’il était couché sans pyjama, il se retrouva transi, alla la refermer, avec un regard maussade aux lumières du Sporting, là-bas, au bout de la plage, où Joseph Van Meulen, « papa », comme disait la petite comtesse, présidait une table de vingt couverts.

Parce que son humeur n’était plus la même, les gens lui apparaissaient sous un jour différent et il s’en voulait maintenant, se sentait presque humilié d’avoir écouté le financier belge comme un enfant sage, sans pour ainsi dire oser l’interrompre.

Est-ce qu’il n’avait pas été flatté, au fond, qu’un homme aussi convenable le traite avec une familiarité amicale ? Contrairement à John T. Arnold, le petit Anglais replet, irritant d’assurance, Van Meulen n’avait pas eu l’air de lui faire un cours sur les usages d’un certain milieu et c’était lui qui s’était montré touché de ce que Maigret se soit dérangé, en personne.

— Vous, vous me comprenez, semblait-il dire à tout instant.

Maigret ne s’était-il pas laissé berner ? Papa… La petite comtesse… David… Et tous ces autres prénoms, qu’ils employaient les uns et les autres sans se donner la peine de préciser, comme si le monde entier se devait d’être au courant…

Il sombrait un petit peu, se retournait lourdement, revoyait soudain l’autre, le colonel, nu dans sa baignoire, puis le Belge, nu aussi, que le masseur à tête de boxeur était en train de pétrir.

Ces gars-là n’étaient-ils pas trop civilisés pour être au-dessus de tous soupçons ?

— Tout homme est capable de tuer, à condition d’y avoir un intérêt suffisant et d’être plus ou moins assuré qu’il ne sera pas pris…

Van Meulen, cependant ne pensait pas que la passion soit un intérêt suffisant. N’avait-il pas délicatement fait comprendre que, pour certains, la passion est presque impensable !

« … À notre âge… Une femme jeune, agréable, qui a fait ses classes… »

Leur petite comtesse appelait le médecin, geignait, se laissait transporter



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.