Luis by Fernandez Luis

Auteur:Fernandez,Luis [Fernandez,Luis]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Autobiographie
Éditeur: Hugo Et Compagnie
Publié: 2015-12-17T05:00:00+00:00

Chapitre 21

Comme on se retrouve

Quand Francis Borelli est revenu sur le devant de la scène en accédant à la présidence de l’AS Cannes, j’ai eu l’impression de retrouver un père que j’avais momentanément perdu de vue. Car il a représenté pour moi un deuxième papa dans le monde du football, en dépit de notre « déchirement » quand j’ai quitté le PSG pour rejoindre le Racing Paris.

Francis venait de vivre un traumatisme dont il m’a souvent parlé : si le PSG avait réussi à conserver son leadership dans la capitale, lui-même avait été contraint de passer la main aux dirigeants de Canal+ en mai 1991, pour des raisons financières. Or, son club, c’était le PSG. Plus : sa vie, c’était le PSG. Même après son départ, il disait encore : « On peut me traiter de fou mais il n’y a que les couleurs parisiennes qui illuminent mon cœur. » Mon club, justement, c’était aussi le PSG. On pouvait dire ce qu’on voulait, on pouvait retourner le problème dans tous les sens, on revenait toujours à cette vérité première : le PSG était notre club, à Francis et à moi. Et voilà que le père et le fils se retrouvaient ensemble, à Cannes, pour défendre un autre maillot. Tu parles d’une histoire ! Je me souviens de lui avoir exprimé le fond de ma pensée quelques jours après sa prise de fonction à Cannes. « Tous les deux, on pensait être programmés pour durer trente ou quarante ans à Paris, mais on a été dégagés, l’un après l’autre, l’un comme l’autre. On est sortis de l’écran, on a disparu du paysage. À cause de toi, je suis passé de l’autre côté, au Racing, et tu vois comment les nouveaux dirigeants de Canal+ ont procédé avec toi : ils t’ont montré la porte… » Chacun de nous gardait en lui une certaine amertume mais, en même temps, il fallait bien avancer dans nos vies.

Comme président du PSG, Francis m’avait fait signer mon premier contrat de joueur professionnel. Comme président de Cannes, c’est grâce à lui que j’allais parapher mon premier contrat d’entraîneur.

Me voyant poussé vers la touche par Erick Mombaerts, il s’était immédiatement préoccupé de mon sort. Il cherchait à comprendre pourquoi on en était arrivé à une telle situation. Mais je l’avais rassuré : je ne vivais pas mal cette mise à l’écart, j’en avais même presque pris mon parti. Je continuais à m’entraîner normalement. Je faisais le « job », sans provoquer de vagues.

Au bout de quelques journées, constatant que la dégringolade sportive de l’équipe devenait de plus en plus dangereuse malgré la qualité des joueurs présents sur le terrain, Francis a commencé à sérieusement s’inquiéter. À son niveau, il devait tenter quelque chose pour redresser un club qui partait à la dérive.

Un jour, il m’a interrogé.

« Te sens-tu capable de reprendre l’équipe ? »

Depuis quatre ans, j’avais tout vécu à Cannes : la fin d’une carrière annoncée, la guérison d’une grave blessure, le retour sur les terrains, la remontée, la descente, la qualification en coupe d’Europe, la réapparition en équipe de France.

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