Les rois navigateurs 02 - Le temps des guerriers by Kilworth Garry

Auteur:Kilworth,Garry [Kilworth,Garry]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
ISBN: 9782915159998
Éditeur: Mnémos
Publié: 2007-03-31T16:00:00+00:00

Ils s’éveillèrent le lendemain, tout engourdis de froid, pressés de se remettre en route pour se réchauffer. Néanmoins, ils s’aperçurent bientôt que leurs muscles étaient encore raides de la longue marche de la veille ; ils n’étaient pas habitués aux excursions sur de longues distances – ils étaient marins, pas explorateurs des terres. Et même sur Rarotonga, ils avaient rarement besoin de marcher très longtemps. Aussi le périple commençait-il à jouer sur leur humeur, à les ébrécher aux angles ; ils ergotaient et se cherchaient des noises.

Vers mi-jour, ils rencontrèrent un homme âgé qui portait sur le dos une gerbe de bois faisant deux fois sa taille. Le vieillard et son fardeau suivaient la même direction qu’eux sur le chemin des montagnes, mais nettement plus lentement. Kieto et son groupe s’aperçurent que, bien que voûté, l’homme était en fait très grand, très mince. Ses lobes, longs, pendaient. Rattrapant le vieil homme, ils le confrontèrent, Kieto lui jetant des questions au visage.

— Où allez-vous ?

Le vieil homme lui lança un regard noir, sans paraître le moins du monde déconcerté.

— Au village, cerveau de charançon ! rétorqua-t-il. Maintenant si vous voulez bien vous pousser ? Ce tas de bois est très lourd !

— Ne voyez-vous pas que nous sommes de petites-oreilles ? demanda Kieto. N’avez-vous pas peur que nous vous tuions ?

— Ah, bien, si telle est votre intention, alors faites-le maintenant ; je suis vieux, fatigué, et je ne ferai pas un pas de plus avec ce poids sur le dos s’il ne me reste que quelques instants à vivre ! Après tout, je ramasse du bois pour faire un feu et cuire de la nourriture pour me maintenir en vie. Si je suis sur le point de mourir, toute cette corvée devient absolument inutile, et je pourrais tout aussi bien me reposer un peu en attendant la fin !

Ce discours amena un sourire sur les lèvres de Kieto.

— Nous n’allons pas vous tuer, dit-il.

— Alors hors de mon chemin, fientes de porc ! tonna le vieillard, j’ai des choses à faire !

— Écoutez ! intervint Polahiki, excédé. Nous sommes arrivés sur cette île hier à peine ; nous cherchons un homme appelé Tapu Tao. On nous a dit que c’était une longue-oreille. Où pouvons-nous le trouver ?

— Je ne sais pas, répondit le vieil homme.

— Vous ne le connaissez pas ?

— Ce n’est pas ce que j’ai dit, stupide sac à puces ! J’ai dit que je ne savais pas où le trouver ! Tout le monde connaît Tapu Tao, mais personne ne sait où il est. C’est un ermite. Il vit quelque part dans les montagnes.

— Je croyais que nous étions dans les montagnes ! intervint Seumas.

— Non, plus haut ! Tout là-haut !

Le doigt squelettique du vieillard se leva, dramatique, vers les pics acérés, autour desquels planaient des aigles et oiseaux des hauteurs. Tout là-haut, dans les régions humides et brumeuses, les fleurs des montagnes s’accrochaient prudemment au bord des précipices, aux surplombements de roche escarpée. Même un rat océanien aurait du mal à trouver un chemin assez large.

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