Les guerriers de l'enfer by Jean-Christophe Chaumette

Auteur:Jean-Christophe Chaumette [Chaumette, Jean-Christophe]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782916307954
Éditeur: Le Neuvième Cercle
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Les Uktuhls n’étaient plus qu’à une trentaine de pas. Bientôt Savari Sonunda serait libéré du fardeau que son choix faisait peser sur son échine. Il jeta un coup d’œil derrière lui. Bien droit, parfaitement immobile, Djeber Marül Azmel-Dîn regardait sereinement la charge des barbares. Le Kreel ne put s’empêcher d’admirer le courage de cet homme qu’il n’aimait pas, et regretta de l’avoir involontairement entraîné vers la mort.

Lorsque Savari Sonunda avait découvert un passager clandestin dans la nef cosmique qu’il avait utilisée pour se rendre à Baur-Wakir, Djeber lui avait expliqué qu’il souhaitait lui parler, l’avait cherché dans tout le campement de Nin’Gua, et finalement l’avait vu en train de s’introduire dans un des vaisseaux de la flotte. Il s’était glissé derrière lui juste avant la fermeture du panneau d’accès. Désormais il allait devoir partager son sort… Le Kreel lui lança :

— Je crois que nous n’aurons pas cette conversation…

— Le destin d’un homme n’est jamais celui qu’il imaginait ; nous devons nous en remettre à la suprême conscience…

— Tu ne regrettes pas ton idée saugrenue de vouloir discuter avec moi ?

— Je regrette seulement d’être séparé de Parsifaseth… Mais si je ne l’avais pas laissée à Nin’Gua, elle serait tombée en de bien mauvaises mains…

Les barbares arrivaient sur eux. Savari Sonunda marmonna :

— Rien n’est plus vrai…

Puis il se mit en position de combat.

Le premier rang des Uktuhls fut brutalement stoppé. Comme s’ils avaient heurté un rempart, les guerriers fanatisés par la haine des deux « Kaffjers » qu’ils voyaient juste devant eux s’effondrèrent au sol. Ceux qui les suivaient les piétinèrent, et chutèrent à leur tour. Savari Sonunda entendit des incantations criées par une voix féminine, éraillée, qu’il connaissait bien. Il se tourna vers sa gauche et aperçut Zoth-Xülin, debout dans un petit glisseur de transport, les bras tendus vers le groupe des barbares. Elle fit un geste large, et les prêtres-guerriers renversés furent balayés par une force invisible, roulèrent comme des quilles sur le tarmac. Certains tentèrent de se relever, mais ils furent projetés en arrière aussi violemment que par un raz-de-marée. Incrédules, Savari Sonunda et Djeber scrutèrent les hommes qui avaient tenté de se jeter sur eux et se retrouvaient allongés sur les dalles de béton, à près de cent mètres de distance, tels les rescapés d’un naufrage crachés par le ressac jusqu’au sable d’une plage.

Puis ils virent Zoth-Xülin descendre de son véhicule et marcher à la rencontre d’un vieillard essoufflé, immense, d’une effroyable maigreur, au crâne chauve, vêtu d’une robe blanche. L’homme tourna vers eux son visage blafard couvert de tatouages sinueux, ses lèvres tremblotèrent comme s’il marmonnait une phrase qu’ils étaient trop loin pour entendre, et ils croisèrent son regard, plein d’une haine si intense qu’ils demeurèrent tous les deux pétrifiés.

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