Les femmes et le pouvoir by Mary Beard

Les femmes et le pouvoir by Mary Beard

Auteur:Mary Beard [Beard, Mary]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782262077433
Éditeur: Perrin
Publié: 2018-09-05T22:00:00+00:00


Angela Merkel et Hillary Clinton photographiées ensemble

dans leur uniforme de femmes politiques.

Pour prendre le problème dans l’autre sens, nous n’avons aucun modèle susceptible de déterminer ce à quoi une femme de pouvoir doit ressembler, hormis le fait qu’elle doit plutôt ressembler à un homme. Le tailleur-pantalon réglementaire, à tout le moins le pantalon seul, que tant de femmes politiques occidentales portent, d’Angela Merkel à Hillary Clinton, est peut-être approprié et pratique ; il est peut-être le signe que les femmes qui le portent refusent d’être des instruments de la mode, ce qui est le sort de tant d’épouses d’hommes politiques ; mais il est aussi une simple manœuvre tactique – comme le fait de faire descendre sa voix dans les graves – visant à rendre les femmes plus masculines, afin qu’elles soient mieux à même d’incarner le pouvoir. Elizabeth Ire (ou l’auteur de son discours) savait exactement à quel jeu elle se prêtait quand elle assura avoir « le cœur et l’estomac d’un roi ». Et c’est cette même idée d’un divorce entre les femmes et le pouvoir qui rendait les parodies de l’ancien porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer par Melissa McCarthy, dans l’émission humoristique Saturday Night Live, si efficaces. On raconte qu’elles agaçaient le président Trump davantage que la plupart des autres satires de sa présidence, pour la raison, si l’on en croit une « source proche de lui », « qu’il n’aime pas que ses collaborateurs paraissent faibles ». Il suffit de décoder l’anecdote pour comprendre qu’il n’aime pas que les hommes de son équipe soient parodiés par des femmes, ou grimés en femmes. La faiblesse appartient au genre féminin.

Il s’ensuit que les femmes continuent d’être perçues comme des êtres extérieurs à la sphère du pouvoir. On peut sincèrement souhaiter qu’elles y entrent, ou on peut au contraire, par divers moyens inconscients, voir en elles des intruses quand elles y parviennent. (Je me souviens encore de Cambridge à l’époque où, comme dans la plupart des universités, les toilettes réservées aux femmes étaient reléguées au loin et qu’il fallait pour s’y rendre traverser deux cours, emprunter un couloir et descendre jusqu’au sous-sol : y a-t-il ici un message ? me demandais-je.) Dans tous les cas, les métaphores communes dont nous usons pour représenter l’accès des femmes au pouvoir – « elles frappent à la porte », « elles se jettent à l’assaut de la citadelle », « elles brisent le plafond de verre » ou « on leur fait la courte échelle » – soulignent le fait que la féminité serait par nature extérieure au pouvoir. Les femmes accèdent au pouvoir soit parce qu’elles ont mis à bas des barrières, soit parce qu’elles se sont emparées de quelque chose à quoi elles n’avaient pas vraiment droit.

On trouve une illustration parfaite de ce phénomène dans un numéro du magazine The Times paru au début de 2017. Au-dessus d’un article rapportant que des femmes pourraient bientôt accéder aux fonctions de commissaire de police de la métropole de Londres (Met), de



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