Le Siège de Castellax by C L Werner

Auteur:C L Werner
La langue: fra
Format: epub, mobi
Éditeur: Black Library
Publié: 2014-08-15T00:00:00+00:00

CHAPITRE XII

Jour I plus Quatre-Vingt-Douze

Le technaugure Heroditus contourna avec précautions l’énorme générateur d’atmosphère, il récitait un mantra binaire de sérénité près de la machine qui ronronnait et tremblait d’une manière erratique. Il posa un sceau d’apaisement sur l’alimentation, une longue bande d’aluminium sur laquelle des mots avaient été gravés à l’acide. Le générateur sembla accepter l’offrande, soupira, puis se calma.

L’esprit de la machine avait toutes les raisons de se sentir offensé, se dit Heroditus qui perçut comme un léger sentiment de culpabilité parcourir les neurofibres de son système nerveux. Il avait été trompé durant son démontage hâtif et son retrait clandestin dans les profondeurs de Vorago. La nécessité avait voulu que les rituels d’usage d’approbation soient escamotés. Seules les procédures les plus indispensables avaient été appliquées, il n’y avait pas eu le temps d’attendre l’approbation du générateur. Heroditus se sentit comme un technobarbare qui aurait profané un mécanisme aussi complexe d’une manière rude et délibérée.

Pourtant, il lui fallait en déférer à la sagesse du Logis Acestes. Depuis le début de l’assaut ork sur Vorago, les voûtes sous la cité n’étaient plus sûres. Des bandes d’esclaves échappés des usines, des janissaires déserteurs, des superviseurs renégats ; tous ces gens et bien d’autres encore avaient fui le siège pour trouver refuge dans les catacombes oubliées. Cette situation était inacceptable pour Acestes et ses disciples. Leur œuvre était bien trop importante pour prendre le moindre risque d’être découverts.

Un travail inestimable avait été mené pour fabriquer ces serviteurs de combat chargés de patrouiller les passages qui conduisaient au lieu d’assemblée. Rien d’aussi ostentatoire qu’un prétorien, bien plus des assemblages de cyborgs qui pourraient sembler tout à fait ordinaires jusqu’au moment où leur programmation les dévoilerait pour ce qu’ils étaient. Une attention méticuleuse avait été apportée à leur protocole neurologique, afin que si l’un d’eux était démonté, il paraisse avoir fait l’objet d’un mauvais fonctionnement plutôt que d’un programme délibéré.

Ces mesures mises en place pour contrer toute intrusion étaient cependant loin de satisfaire Acestes. Son plan était d’utiliser un générateur d’atmosphère pris dans l’une des installations de fusion pour assurer aux conspirateurs un minimum de tranquillité. L’atmosphère dans les tunnels était empoisonnée, mais sa dangerosité pouvait être contournée en prenant certaines précautions. La mort était garantie pour tout organisme exposé à l’air des tunnels durant une période prolongée, mais il existait une grande différence entre quelques minutes et un long déclin sur plusieurs décennies sous l’action de substances cancérogènes.

La manière dont le générateur avait été démonté rendait Heroditus un peu honteux, sa fonction initiale volontairement violée pour faire d’un noble purificateur d’air un pourvoyeur de mort. Au lieu d’éliminer les toxines de l’air, le générateur en réinjectait, un vicieux cocktail de protocides capable d’attaquer la victime à un niveau moléculaire et rendant les protons instables. La mort serait presque instantanée, et en moins d’une heure, toute trace du corps serait effacée puisqu’il aurait été réduit à l’état de matière visqueuse.

Heroditus avait croisé plusieurs de ces masses organiques en descendant dans les catacombes. Quel dommage que

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