Le roi des montagnes by Edmond About

Le roi des montagnes by Edmond About

Auteur:Edmond About [About, Edmond]
La langue: fra
Format: epub
Tags: fiction
ISBN: 978-2-8247-0220-9
Éditeur: Bibebook
Publié: 1857-02-04T05:00:00+00:00


Chapitre 6

L’EVASION

Au milieu de nos adieux, il se répandit autour de nous une odeur alliacée qui me prit à la gorge. C’était la femme de chambre de ces dames qui venait se recommander à leur générosité. Cette créature avait été plus incommode qu’utile, et depuis deux jours on l’avait dispensée de tout service. Cependant Mme Simons regretta de ne pouvoir rien faire pour elle, et me pria de conter au Roi comment elle avait été dépouillée de son argent. Hadgi-Stavros ne parut ni surpris ni scandalisé. Il haussa simplement les épaules, et dit entre ses dents :

– Ce Périclès !… mauvaise éducation… la ville… la cour… J’aurais dû m’attendre à cela.

Il ajouta tout haut :

– Priez ces dames de ne s’inquiéter de rien. C’est moi qui leur ai donné une servante, c’est à moi de la payer. Dites-leur que, si elles ont besoin d’un peu d’argent pour retourner à la ville, ma bourse est à leur disposition. Je les fais escorter jusqu’au bas de la montagne, quoiqu’elles ne courent aucun danger. Les gendarmes sont moins à craindre qu’on ne pense généralement. Elles trouveront un déjeuner, des chevaux et un guide au village de Castia : tout est prévu et tout est payé. Pensez-vous qu’elles me fassent le plaisir de me donner la main, en signe de réconciliation ?

Mme Simons se fit un peu tirer l’oreille, mais sa fille tendit résolument sa main au vieux palicare. Elle lui dit en anglais, avec une espièglerie assez plaisante :

– C’est beaucoup d’honneur que vous nous faites, très intéressant monsieur, car en ce moment c’est nous qui sommes les Clephtes, et vous qui êtes la victime.

Le Roi répondit de confiance :

– Merci, mademoiselle ; vous avez trop de bonté.

La jolie main de Mary-Ann était hâlée comme une pièce de satin rosé qui serait restée en étalage pendant trois mois d’été. Cependant croyez bien que je ne me fis pas prier pour y appliquer mes lèvres. Je baisai ensuite le métacarpe austère de Mme Simons.

– Bon courage ! monsieur, cria la vieille dame en s’éloignant.

Mary-Ann ne dit rien ; mais elle me lança un coup d’œil capable d’électriser une armée. De tels regards valent une proclamation.

Lorsque le dernier homme de l’escorte eut disparu, Hadgi-Stavros me prit à part et me dit :

– Eh bien ! nous avons donc fait quelque maladresse ?

– Hélas ! oui. Nous n’avons pas été adroits.

– Cette rançon n’est pas payée. Le sera-t-elle ? Je le crois. Les Anglaises ont l’air d’être au mieux avec vous.

– Soyez tranquille, sous trois jours je serai loin du Parnès.

– Allons, tant mieux ! J’ai grand besoin d’argent, comme vous savez. Nos pertes de lundi vont grever notre budget. Il faut compléter le personnel et le matériel.

– Vous avez bonne grâce à vous plaindre ! vous venez d’encaisser cent mille francs d’un coup !

– Non, quatre-vingt-dix : le moine a déjà prélevé la dîme. Sur cette somme qui vous semble énorme, il n’y aura pas vingt mille francs pour moi. Nos frais sont considérables ; nous avons de lourdes charges.



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