Le mystère Coriolis by Alexandre Moatti

Le mystère Coriolis by Alexandre Moatti

Auteur:Alexandre Moatti
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 978-2-271-08106-3
Éditeur: CNRS
Publié: 2014-03-18T00:00:00+00:00


Cinquième partie

1838 à sa mort : Directeur des études à l’École polytechnique

Chapitre 23

Une nomination surprenante

Coriolis est nommé directeur des études à l’École polytechnique le 1er octobre 1838. Cette période s’étendant jusqu’à sa mort cinq ans plus tard est celle du déclin personnel et professionnel de Coriolis, de la décrépitude pourrait-on même dire. Ce mot semble déplacé, mais est justifié par le fort contraste entre cette période et la période précédente d’épanouissement de Coriolis – ce que nous avons appelé ses années fastes. C’est la première et la seule fois dans sa carrière que Coriolis a un poste en vue, un poste de pouvoir – quasi équivalent à directeur de l’École polytechnique : il est surprenant que ce poste lui soit proposé, et qu’il l’ait accepté – sans doute l’a-t-il fait par profond attachement à cette École. Mais il aura du mal à supporter le poids de ces responsabilités et des intrigues y afférant. Il regrette, voire même éprouve une frustration, de ne plus pouvoir enseigner, ni faire de science : mais finalement, entre 1826 (définition du travail) et 1836 (coefficient de Coriolis en hydraulique), en passant par 1835 annus mirabilis, n’avait-il pas donné entre 34 et 44 ans l’essentiel de sa production scientifique ?

Coriolis, très consciencieux, va prendre fort au sérieux sa nouvelle fonction de directeur des études. À la différence de son prédécesseur, le physicien Pierre-Louis Dulong (1785-1838, X1801), qui avait continué à enseigner parallèlement à la Sorbonne, Coriolis souhaite se consacrer à temps plein à cette fonction. Il l’estime bien évidemment incompatible avec le poste de répétiteur d’analyse à Polytechnique, mais aussi avec celle de professeur de mécanique aux Ponts. Il reste cependant à l’Académie des Sciences (d’ailleurs on ne démissionne pas de l’Académie...), poste qui est plus une distinction qu’une fonction. Il continuera néanmoins à faire quelques rapports à l’Académie sur des articles présentés par des tiers, comme il est d’usage : mais ces rapports sur des travaux tiers ne constituent pas un travail scientifique en propre et ne satisferont pas le goût de Coriolis pour la recherche. La fin de ses enseignements signe aussi la fin de ses relations à caractère pédagogique, de maître à élève : ses relations avec les polytechniciens deviennent principalement hiérarchiques et disciplinaires – le directeur des études joue un rôle important dans le doublement voire l’exclusion des élèves pour insuffisance scolaire.

En outre, les relations hiérarchiques avec les généraux commandant l’École, avec lesquels il est en prise directe (beaucoup plus qu’en tant que répétiteur d’analyse), et surtout les conflits ouverts ou larvés avec les collègues du corps professoral de Polytechnique (Liouville, Comte) lui apportent contrariétés et insatisfaction profonde. Son tempérament et son éducation cadrent mal avec ce poste exposé aux intrigues, jeux de pouvoir, de nomination et de succession. Il se heurte principalement à Liouville, représentant à l’École du « clan Arago », fort puissant pendant cette période. En Conseil de perfectionnement, il se heurte à Arago lui-même, notamment pour le projet de réforme des études et de l’admission auquel il travaille à partir de 1839, dès sa prise de fonctions.



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