Le Mur de Berlin et la Chute du communisme expliqués à ma petite-fille by Ferro Marc

Le Mur de Berlin et la Chute du communisme expliqués à ma petite-fille by Ferro Marc

Auteur:Ferro, Marc [Ferro, Marc]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Seuil
Publié: 2015-12-07T23:00:00+00:00


Quelle a été l’action des dirigeants soviétiques après Gorbatchev ?

Plus qu’à un éclatement, c’est une implosion de l’Union soviétique qui se produisit, et Boris Eltsine en fut l’instigateur.

Le problème national se posait avec de plus en plus d’agressivité, au moins dans les républiques chrétiennes – la Géorgie, les pays Baltes, et même l’Ukraine. La situation économique et alimentaire demeurait désastreuse. L’État et le Parti n’avaient plus d’autorité, ni aucune institution d’ailleurs : en guise de perestroïka, on a alors affaire, en réalité, à un rasstroïka, c’est-à-dire à la « chienlit », au désordre. Conservateurs et démocrates soufflaient à tour de rôle sur le feu.

– Ne craignez-vous pas que votre rivalité avec Gorbatchev n’amène la fin de l’URSS ? demandai-je un jour à Eltsine, de passage à Paris.

– Dans un fauteuil, il n’y a place que pour une seule personne, me répondit-il, sans plus de commentaires…

Cette détermination, il l’avait manifestée, lui, un apparatchik typique, en accomplissant plusieurs actes symboliques. Encore membre du Parti en 1986-1987, il avait critiqué publiquement la politique de Gorbatchev, ce qui ne s’était jamais vu. Ensuite il s’était présenté démocratiquement aux élections en démissionnant du Parti, et il avait été élu. Il avait également dissout le parti communiste en Russie au moment du coup d’État. Enfin, acte inouï, il avait proclamé la souveraineté de la Russie, au sein de l’URSS. C’est un peu comme si de Gaulle avait décidé que la France sortirait de l’Union française, qui regroupait à l’époque la France et ses colonies. Les Russes eurent ainsi le sentiment de se libérer soudain du fardeau des républiques, plutôt que de les voir se détacher une à une, ou faire du chantage à la sécession. Eltsine se gagna de la sorte une partie de l’armée qui reprochait à Gorbatchev d’avoir « abandonné » les démocraties populaires.

À partir du moment où la Russie se déclara souveraine au sein de l’URSS, les autres républiques firent de même. C’était pourtant une possibilité qu’elles n’avaient, jusqu’alors, même pas envisagée.

Le but réel de l’opération d’Eltsine était de vider le pouvoir fédéral de sa substance, c’est-à-dire de réduire à néant la présidence de l’Union encore aux mains de Gorbatchev. Ce dernier n’eut plus d’autre solution que la démission en décembre 1991 : le Kremlin fut placé sous l’autorité russe et le congrès des soviets devint une coquille vide. À l’exception de la Lettonie, qui les avait devancées, toutes les républiques acquirent leur souveraineté. Les Lituaniens, les Lettons et les Estoniens revendiquaient l’autonomie mais sans y croire comme les Ukrainiens et les Tadjiks. Les autres communautés ethniques, pour leur part, étaient plus hostiles au centralisme que favorables au séparatisme. La guerre de Tchétchénie en témoigne, elle qui ne manifestera sa dimension nationaliste que parce qu’Eltsine, démocrate par stratégie mais centraliste dans l’âme, avait refusé de laisser les Tchétchènes gérer eux-mêmes leurs ressources pétrolières. On connaît la suite.



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