Le Moissonneur : Dossier Archambault by Christelle Colpaert Soufflet

Le Moissonneur : Dossier Archambault by Christelle Colpaert Soufflet

Auteur:Christelle Colpaert Soufflet [Soufflet, Christelle Colpaert]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2019-12-24T23:00:00+00:00


De retour chez elle, Rachel constata que le jeune Ben était revenu à la charge ; avec ses potes, il avait de nouveau tagué la façade d’insultes et s’était amusé à projeter des bouteilles de verre en tout genre sur celle-ci.

Le perron était parsemé de verre pilé.

Rachel poussa les quelques débris situés devant la porte d’entrée du bout du pied, releva la persienne qu’elle prenait toujours soin de verrouiller à chaque sortie et s’enferma dans sa maison.

Cet après-midi, elle avait pu constater que la haine dont elle était la cible depuis sa réapparition dans le décor de cette ville ne se limitait pas à celle-ci. Les voisins de ses grands-parents lui avaient lancé ce même regard empli de fureur.

Heureusement, Yvon et Réjane avaient su effacer ces vilaines attentions.

Avant de rentrer, elle était passée au commissariat ; là-bas, elle avait pu imprimer l’ensemble des clichés pris dans la ferme. Delattre avait voulu en savoir davantage, mais elle n’avait pas souhaité en dire plus sur ses soupçons, elle préférait d’abord se pencher sur le dossier de Dominique Schelb.

Le commissaire le lui avait confié, contre l’avis de son adjoint, et Rachel avait pavoisé devant ce dernier, le défiant de boucler cette affaire avant elle. Il en avait été incapable, c’était pour cette raison que Delattre avait imploré l’aide de Rachel. À travers elle, Félix Rinchard percevait son propre échec.

Il n’était pas natif de Seclin ni du coin ; il n’avait pas eu vent de l’affaire Archambault avant de recevoir la lettre d’aveux de Servin. Il ne pouvait pas comprendre l’enjeu de tout cela, même s’il prétendait le contraire.

Rachel ne doutait pas des qualités et capacités de l’homme, mais il avait cette attitude dédaigneuse à son égard, la même que tous les autres. À ses yeux, elle n’était pas une collègue, elle était la fille du pédophile.

Delattre ne l’avait jamais considérée comme telle, au terme de l’arrestation. Pour lui, Rachel était une victime d’Archambault, pas une complice silencieuse. Car c’était bien cela que le monde lui reprochait : ne pas avoir dénoncé les pratiques et vices de son père.

Elle ne pouvait pas nier ce qui se passait sous ses yeux ; au même titre que l’épouse d’ailleurs. Mais là était toute l’efficacité du machiavélisme d’Hugues Archambault : le paraître.

Et les autres ? Avaient-ils perçu sa perversion ? Pas le moins du monde !

Le père d’Esteban Peinena n’avait-il pas contribué au sort funeste de son fils en copinant avec son bourreau ?

Si Rachel raisonnait comme tous ces gens, tous étaient coupables d’avoir, durant un temps, apprécié le serviable Hugues Archambault.

La jeune femme posa le tout dans le bureau ; enfin, ce qu’il en restait. Le malheureux portait les stigmates de sa crise de colère – un meuble aussi cher, quelle honte !

Elle sourit, elle était satisfaite d’avoir agi ainsi. Elle avait la douce sensation d’avoir défiguré son père.

Se sentant sale après son passage par la ferme, elle monta, décidée à prendre une douche à l’étage. Elle n’avait pas encore constaté l’état de la salle de bains.



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