L'agonie du verre by Jimmy Guieu

Auteur:Jimmy Guieu [Guieu, Jimmy]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: FNA 0054
Publié: 1955-01-20T05:00:00+00:00

CHAPITRE VI

Le cargo ionosphérique, Shooting-Star Los-Angeles-New-York-Paris, gigantesque fuseau scintillant à ailes en delta, venait de se poser sur les pistes d’Orly. Les multiples gueules de ses réacteurs achevaient de gronder et leur miaulement déchirant mourait en un souffle rauque.

Cinq camions chargés d’hommes en uniforme de la Military-Police se dirigèrent vers l’aérobus. La section de surveillance sauta à terre, et entoura l’appareil.

Les passagers ayant appris par radio le grave incident opposant l’Est et l’Ouest, descendirent la passerelle mobile, inquiets et pâles d’émotion. Un officier américain préposé au Contrôle de l’émigration visa les passeports et dirigea les ressortissants américains vers les policiers tandis qu’il laissait les autres passagers au contrôle des officiels français.

Le professeur Red Harrington, en complet de gabardine gris clair, coiffé d’un léger chapeau mou, réajusta ses lunettes en plastique et, sa volumineuse serviette à la main, il suivit ses compatriotes qu’escortaient les hommes de la police et l’officier du service d’émigration. Ce dernier, lorsqu’ils arrivèrent dans un vaste bureau des bâtiments administratifs de l’aérodrome, s’adressa aux soixante-quinze passagers réunis dans la vaste pièce trouée de larges baies en plexiglass :

— Mesdames, Mesmoiselles, Messieurs, j’ai le pénible devoir de vous annoncer, qu’en raison de la situation présente, tous les ressortissants américains séjournant en Europe, doivent immédiatement regagner les States.

« Vous allez être contraints de reprendre le Shooting-Star, à destination des U.S.A., dès qu’il aura fait le plein de carburant. Je vous demande d’être calmes et de faciliter l’exécution de ces consignes, en ne me posant pas de question et, surtout, en n’insistant pas pour demeurer en Europe… qui peut devenir l’un des objectifs de l’ennemi.

Malgré ce préambule visant à imposer les ordres de l’État-Major, un flot de questions s’abattit de toutes parts sur l’officier.

Celui-ci agita les mains en secouant la tête :

— Désolé, mais ce sont les ordres. Personne ne doit quitter cette pièce, si ce n’est pour rejoindre le Shooting-Star. Ces policiers, fit-il, en désignant les huit M.P. armés, en faction à la porte, veilleront à faire respecter ces consignes.

Il s’apprêtait à se retirer lorsque Red Harrington s’approcha de lui et, poliment, lui tendit un laissez-passer attestant son affiliation à l’O.S.I.

L’homme examina la carte glacée enrobée d’un matériau translucide, imputrescible et ininflammable. Secouant derechef la tête, il répéta :

— Désolé, professeur Harrington. Ce laissez-passer est bien valable… mais aux States. Or, nous sommes en France, et…

— Mais, lieutenant, protesta le physicien, je dois rencontrer plusieurs scientistes français étudiant le « cancer du verre ». De nos travaux conjugués pourrait naître un antidote efficace contre ce terrible poison qui condamne le verre…

— Désolé, professeur, mais du fait que votre laissez-passer ne porte pas une extension de validité pour l’Europe délivrée par Washington, je ne puis que vous répéter : défense absolue de quitter cette pièce.

— Mais, enfin, lieutenant, si vous m’obligez à retourner aux U.S.A. cela peut avoir des conséquences inimaginables ! Il ne s’agit pas de moi, mais des travaux d’une importance capitale auxquels je faisais allusion.

L’officier hésita une seconde et proposa un compromis :

— Je vais m’efforcer de joindre Washington par l’intermédiaire de l’attaché militaire.

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