La promesse à Elise by Christian Laborie

La promesse à Elise by Christian Laborie

Auteur:Christian Laborie [Laborie, Christian]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: France loisirs


19

L’aveu

Les interrogatoires se suivaient à un rythme régulier. Toujours à la prison. Toujours sans témoins.

Lucie était maintenant convaincue que l’Oberleutnant Bresler essayait de se rendre agréable à ses yeux pour mieux l’amener à avouer.

Elle remarqua également que ses repas s’amélioraient. Ils devenaient un peu plus consistants, même s’ils demeuraient de piètre qualité. Aussi reprenait-elle des forces. Au point que sa compagne de cellule se demandait si elle n’avait pas fini par collaborer.

— On dirait qu’ils t’ont à la bonne ! Tu ne portes aucune trace de violence sur le corps. Ta gamelle est souvent plus garnie que la mienne. Qu’est-ce que tu leur donnes pour qu’ils agissent ainsi avec toi ? Tu couches avec les officiers ? C’est ça, hein !

Lucie se méfiait de cette Renée Couturier. Certes, elle avait été interrogée par la Gestapo, comme en témoignaient les marques sur son visage et sur ses mains. Mais elle lui tenait des propos désagréables, très éloignés de ceux qu’elle entendait dans la bouche de ses camarades résistants. Elle en vint à la soupçonner de n’être qu’une prisonnière de droit commun qui tentait de passer auprès d’elle pour une activiste. Dans quel but ? On l’a peut-être enfermée avec moi pour essayer de me faire avouer, supposait-elle. Dans ce cas, elle feint de se plaindre et joue le rôle que les Allemands lui ont assigné.

Wilhelm Bresler ne l’avait pas prévenue qu’on lui adjoindrait une nouvelle codétenue dans sa cellule. Quand Lucie lui en parla la première, il s’étonna.

— J’avais pourtant donné l’instruction qu’on vous laisse seule !

L’Oberleutnant paraissait embarrassé. Depuis quelque temps, il espaçait ses interrogatoires. Il ordonnait à son subordonné, le Leutnant Muller, de s’en charger. Obéissant à ses consignes, celui-ci se montrait moins féroce, mais il maintenait sur Lucie une pression qui l’épuisait. Il la questionnait en lui braquant une lampe dans les yeux, sans lui permettre de souffler. Comme elle s’obstinait à ne pas répondre, il repartait de zéro, reprenait ses invectives comme au premier jour. Cela durait des heures. Il fumait en permanence et l’incommodait intentionnellement, lui refusant le verre d’eau qu’elle réclamait.

— Quand vous vous déciderez à parler, mademoiselle Rochefort, je serai plus indulgent avec vous, comme mon supérieur l’Oberleutnant Bresler ! affirmait-il d’un ton narquois.

Lucie ressortait de ces interrogatoires anéantie, mais sans avoir été brutalisée.



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