La gouvernante d'Usher Hall by Hélène Arnaud

Auteur:Hélène Arnaud [Hélène Arnaud]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Au bout d’une heure, Amy envoya les filles se coucher et Timothy se retrouva en tête à tête avec elle. La tranquillité de la soirée s’évanouit sous une tension soudaine, trop présente pour être ignorée. Il posa son journal et remit une bûche dans le feu pour éviter d’avoir à prendre la parole trop vite. Que pouvait-il lui dire ? Comment renouer la conversation après leurs baisers passionnés dans le pavillon ? Finalement, alors qu’elle rangeait son ouvrage dans un panier, il se décida à briser le silence – de toute manière, il faudrait bien qu’il ose lui parler, tôt ou tard.

— Miss Watson, je…

— Ce n’est pas la peine de vous excuser, Milord, interrompit-elle immédiatement. Je ne vous en veux pas pour ce qui s’est passé, tout à l’heure.

Surpris, il la dévisagea un instant. Assise sur son fauteuil, elle le regardait avec calme, immobile comme une poupée de cire. Était-il toujours face à la femme qui avait gémi sous ses caresses sur le sol du pavillon, quelques heures à peine auparavant ?

— Je ne m’excuserai donc pas, reprit-il au bout d’un instant, souriant presque malgré lui. Je tenais simplement à vous remercier.

— Comment cela ? Je ne comprends pas…

Timothy se passa nerveusement une main dans les cheveux. Comment pouvait-il lui dire ce qu’il ressentait sans pour autant l’effrayer ? Il vint s’asseoir à côté d’elle et lui prit la main. Elle ne s’écarta pas et sourit doucement, les yeux baissés, les joues légèrement animées par la chaleur du feu.

— Je vous ai tout raconté de mon mariage et de mon veuvage. Depuis trois ans, je ne vis que pour mes filles, sans réellement goûter de joie ou m’accorder la moindre liberté. Aujourd’hui, vous m’avez rappelé une chose importante : l’existence est courte et nous devons tous profiter de l’instant présent. C’est pour cela que je tiens à vous remercier.

— Oh…

Clairement embarrassée, elle se détourna légèrement, exposant son profil de porcelaine à la lueur des flammes. Timothy s’abandonna quelques secondes à la contemplation de son visage. L’atmosphère changea, devint plus lourde. L’air du salon parut se mettre à vibrer, comme dans le pavillon. Il eut plus de mal à respirer. Une force irrépressible l’attirait vers elle et une voix lui murmura de l’embrasser, de saisir cette chance de bonheur et de ne plus la lâcher. Craignant de ne pas être capable de réfréner ses pulsions, cette fois, il se leva et s’éclaircit la voix.

— Bien. Je pense qu’il est temps pour nous d’aller dormir : il est déjà tard…

Il n’était pas encore onze heures et il était presque certain de ne pas trouver le sommeil de la nuit, mais il avait besoin d’être seul et de réfléchir un peu. Amy acquiesça sans un mot, attrapa son panier de couture et se leva à son tour.

Éclairés par leurs chandeliers, ils montèrent l’escalier en silence, côte à côte, et Timothy accompagna la jeune femme le long du couloir jusqu’à sa porte. Arrivé là, il lui prit la main dans un soudain élan de tendresse.

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