La dernière reine by Philippa Gregory

La dernière reine by Philippa Gregory

Auteur:Philippa Gregory [Gregory, Philippa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Novela, Histórico
Éditeur: ePubLibre
Publié: 2015-01-01T00:00:00+00:00


* * *

Je fais un songe qui ressemble tant à ma vie diurne que je ne sais plus si je rêve. Je suis dans mon lit. Près de moi, le roi dort à grand renfort de ronflements. Je sens une odeur putride. C’est l’odeur de sa jambe pourrissante qui envahit mon lit, ma chambre. Je me lève en faisant attention de ne pas le réveiller. Mais soudain la pestilence devient encore plus insupportable. Il faut que je sorte de cette chambre, me dis-je, car je ne peux plus respirer ; je dois aller trouver l’apothicaire pour qu’il me donne du parfum ; il faut que j’envoie les princesses ramasser des aromatiques au jardin. Aussi discrètement que possible, je gagne la porte qui donne sur le passage secret séparant la chambre du souverain de la mienne.

J’ouvre la petite porte et sors, mais au lieu de poser le pied sur le plancher et les ajoncs épars entre les murailles qui courent le long de la galerie, je me trouve directement sur l’étroit palier d’un escalier de pierre à colimaçon dangereusement abrupt. Je pose la main sur la colonne centrale et commence à gravir les marches. Je dois échapper à cette abominable odeur de mort. Mais voilà que, contre toute attente, elle empire, comme s’il y avait un cadavre ou des chairs en décomposition dans le tournant de l’escalier, juste au-dessus de ma tête.

Je me couvre la bouche et les narines avec la main, et manque de vomir lorsque je m’aperçois que c’est ma main qui empeste. C’est moi, qui suis en putréfaction ; c’est ma propre puanteur que j’essaie de fuir. Je sens le cadavre en décomposition. Je fais halte sur une marche et me dis que tout ce que je peux faire est de me jeter au bas de l’escalier, la tête la première, afin que ce corps pourrissant puisse en finir de mourir et que je ne sois plus claustrée avec la mort, que le processus de décomposition de mes chairs se propage jusqu’au bout de mes ongles.

Je pleure à présent, enrageant contre le destin qui m’a menée où j’en suis. Mais en roulant sur mes joues, mes larmes se transforment en poussière. Elles ont la sécheresse du sable et le goût du sang coagulé lorsqu’elles s’écoulent entre mes lèvres. En désespoir de cause, rassemblant tout le courage dont je suis capable, je fais demi-tour et me tiens face au vide. Puis, dans un ultime cri de désespoir, je plonge la tête la première.

— Là, là, tout va bien !



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