La comtesse de charny - tome 1v (les mémoires d'un médecin) by Alexandre Dumas

La comtesse de charny - tome 1v (les mémoires d'un médecin) by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Action & Aventure
Publié: 1855-07-02T23:00:00+00:00


Chapitre 18

Les Roland

Nous avons rapporté cette conversation de la reine et du docteur Gilbert pour interrompre le cours, toujours un peu monotone, d’un récit historique, et pour montrer un peu moins sèchement que dans un tableau chronologique la succession des événements et la situation des partis.

Le ministère Narbonne dura trois mois.

Un discours de Vergniaud le tua.

De même que Mirabeau avait dit : « Je vois d’ici la fenêtre… » Vergniaud, à la nouvelle que l’impératrice de Russie avait traité avec la Turquie, et que l’Autriche et la Prusse avaient signé, le 7 février, à Berlin, un traité d’alliance offensive et défensive, Vergniaud, montant à la tribune, s’écria :

« Et, moi aussi, je puis le dire, de cette tribune, je vois le palais où se trame la contre-révolution, où l’on prépare les manœuvres qui doivent nous livrer à l’Autriche… Le jour est venu où vous pouvez mettre un terme à tant d’audace, et confondre les conspirateurs. L’épouvante et la terreur sont souvent sorties de ce palais, dans les temps antiques, au nom du despotisme ; que l’épouvante et la terreur y rentrent aujourd’hui au nom de la loi ! »

Et, par un geste puissant, le magnifique orateur sembla chasser devant lui les deux filles échevelées de la Peur et de l’Effroi.

Elles rentrèrent en effet, aux Tuileries, et Narbonne, élevé par un souffle d’amour, fut renversé par un souffle de tempête.

Cette chute avait lieu vers le commencement de mars 1792.

Aussi, trois mois à peine après l’entrevue de la reine avec Gilbert, un homme petit de taille, leste, dispos, nerveux, à la tête spirituelle où étincelaient des yeux pleins de flamme, âgé de cinquante-six ans, quoiqu’il parût dix ans de moins, le visage couvert des teintes brunes des bivacs, était-il introduit chez le roi Louis XVI.

Il était vêtu de l’uniforme de maréchal de camp.

Il ne resta qu’un instant seul dans le salon où il avait été introduit ; bientôt la porte s’ouvrit, et le roi entra.

C’était la première fois que les deux personnages se trouvaient en face l’un de l’autre.

Le roi jeta sur le petit homme un regard terne et lourd qui n’était pas néanmoins exempt d’observation, le petit homme fixa sur le roi un œil scrutateur, plein de défiance et de feu.

Personne n’était resté là pour annoncer l’étranger ; ce qui prouvait que l’étranger était annoncé d’avance.

– C’est vous, monsieur Dumouriez ? dit le roi.

Dumouriez s’inclina.

– Depuis quand êtes-vous à Paris ?

– Depuis le commencement du mois de février, sire

– C’est M. de Narbonne qui vous a fait venir ?

– Pour m’annoncer que j’étais employé à l’armée d’Alsace, sous le maréchal Luckner, et que j’allais commander la division de Besançon.

– Vous n’êtes point parti, cependant ?

– Sire, j’ai accepté ; mais j’ai cru devoir faire cette observation à M. de Narbonne, que, la guerre étant prochaine (Louis XVI tressaillit visiblement), et menaçant d’être générale, continua Dumouriez sans paraître remarquer ce tressaillement, je croyais qu’il était bon de s’occuper du Midi, où l’on pouvait être attaqué au dépourvu ; qu’en conséquence, il me



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