La Commune 1898 by Louise Michel

La Commune 1898 by Louise Michel

Auteur:Louise Michel [Michel, Louise]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-03-15T04:00:00+00:00


XI Derniers jours de liberté

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Ainsi qu’au fond des bois se rassemblent les loups — les fauves en rumeur venaient hurlant pour l’ordre.

Les fédérés furent héroïques. Mais ces héros eurent des faiblesses, souvent suivies de désastres.Les maisons des francs-fileurs, malgré le décret qui autorisait les sociétés ouvrières à se servir des appartements abandonnés, avaient été respectées ; on monta même la garde devant quelques rues, tout comme devant la Banque, si bien que nombre de ces lâcheurs qui avaient fui, sentant Paris en péril, revenaient de province ou tout simplement de Versailles ; l’insulte à la bouche, ils pouvaient offrir l’hospitalité aux espions du gouvernement. Bientôt il y en eut des bandes.Quelques-uns, ayant élu domicile dans des maisons de plaisir, durent être recherchés par les commissaires de la Commune qui, grâce à la complicité des femmes de ces maisons, ne trouvèrent pas les espions qui y étaient cachés et furent en revanche, les objets d’accusations calomnieuses.Quelques décisions furent exécutées, la colonne Vendôme renversée mais les morceaux conservés, de sorte qu’elle fut depuis rétablie afin que, devant ce bronze fatidique, la jeunesse pût s’hypnotiser éternellement du culte de la guerre et du despotisme.Peut-être en y gravant les dates des hécatombes, on atténuait ce fatidique entraînement.L’échafaud avait été brûlé, dénoncé à l’indignation publique par une commission composée de Capellaro, David, André Idjiez, Dorgal, Faivre, Périer, Colin.Le 6 avril, à dix heures du matin, la honteuse machine à boucherie humaine avait été brûlée. C’était une guillotine toute neuve, remplacée maintenant par plusieurs autres, plus neuves encore. On en doit user, à l’usage fréquent qui en est fait, plus qu’on en usa jamais.Les quatre dalles maudites arrachées ont également repris leur place.Une petite vieille toute tremblotante avait été envoyée par un mauvais plaisant, ce matin-là, pour brûler un dernier cierge à l’abbaye de Monte à regret et, tenant le cierge dans sa main, elle s’enquérait de l’abbaye quand elle comprit, aux rires dont on l’accueillait, qu’on s’était joué de sa crédulité.Les témoignages de sympathie affluaient, de partout à la Commune, mais ce n’étaient toujours que des paroles ; le délégué aux relations extérieures, Paschal Grousset, s’écriait avec raison dans sa lettre aux grandes villes de France :

Grandes villes ! le temps n’est plus aux manifestes ; le temps est aux actes, ce que la parole est au canon.

Assez de sympathies, vous avez des fusils et des munitions, debout ! les grandes villes de France !

Paris vous regarde, Paris attend que votre cercle se serre autour de ces lâches bombardeurs et les empêche d’échapper au châtiment qu’il leur réserve.Paris fera son devoir, et le fera jusqu’au bout. Mais n’oubliez pas, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Nantes, Bordeaux, et les autres.Si Paris succombait pour la liberté du monde, l’histoire vengeresse aurait le droit de dire que Paris a été égorgé parce que vous avez laissé s’accomplir l’assassinat.

Le délégué de la Commune aux relations extérieures,

Paschal GROUSSET.

La lettre de Grousset ne parvint pas, celles de Versailles, seules passaient et, quant aux communications des provinces à Paris, elles étaient dirigées sur Versailles, où elles encombraient, au château, la galerie des batailles.



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