La clique 5 by Harrison Lisi

Auteur:Harrison, Lisi [Harrison, Lisi]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-07-15T14:29:35+00:00

TOHO SQUARE

JOUR DU CONCOURS ! ! ! ! !

Le samedi 15 août 11 h 51

À l’extérieur, au centre de Toho Square, la chanson-thème vibrante de l’émission American Idol se mit à jouer dans la tête de Claire dès que Lorna l’escorta à la table rose des juges. Claire était assise à l’extrême gauche — ou encore du côté de Randy Jackson, comme Claire aimait le penser. Vonda Tillman, la grande éditrice bronzée du journal local, était assise dans le populaire siège du milieu anciennement occupé par Paula Abdul, et le trapu maire Reggie Hammond était installé à l’extrême droite, dans le style de Simon. Comme dans l’émission télévisée, les juges étaient placés au pied de la scène. Ils tenaient leurs stylos roses suspendus dans les airs, prêts à fracasser des rêves, pendant que les membres de l’auditoire pleins d’entrain agitaient des bannières derrière eux et qu’un quatuor à cordes jouait des pièces classiques calmantes, tirées du répertoire de la collection de CD Baby Einstein.

Mais malgré les tentatives des musiciens de calmer la tension montante, Claire pouvait entendre le claquement frénétique des chaus-sures tout sauf pratiques des concurrentes contre le bois alors qu’elles filaient derrière le rideau de velours rouge sang, tentant de parfaire leur numéro durant ces dernières minutes précédant l’heure du spectacle. Les membres de la presse, qui étaient amassés à la droite de Claire, ne faisaient qu’ajouter à la frénésie du concours. Claire pouvait sentir l’anticipation dégouliner de leurs corps pendant qu’ils armaient leurs appareils-photo, prêts à prendre des clichés dès l’éruption d’une potentielle bagarre de filles.

Ou était-ce de la sueur ?

Au lever du soleil, il faisait déjà 30 °C. A présent qu’il était midi, il devait faire plus de 38 °C. Claire ne pouvait s’imaginer passer la matinée les cheveux sous un fer plat ou des rouleaux chauds, à tenter d’appliquer du maquillage sur son visage lisse et rouge ou à glisser ses pieds enflés dans des chaussures à talons aiguilles en cuir rigide. Elle ne pouvait pas non plus s’imaginer faire les cent pas en coulisse, à tenter de ne pas ronger ses ongles, en sachant que, dans quelques minutes, elle entrerait en concurrence avec ses meilleures amies.

Elle ne réaliserait jamais son fantasme d’être couronnée Mademoiselle baiser : et alors ? Le poste de juge était bien mieux. Elle portait une robe bain-de-soleil en coton blanc et des chaussures Keds, ses cheveux étaient noués dans une queue de cheval haute et il n’y avait rien d’autre sur son visage qu’une lotion FPS 30 et du brillant à lèvres pêche. Mieux que tout, elle était assise à côté d’un ventilateur de taille industrielle et elle pouvait relaxer tout en fraîcheur en sachant qu’à la fin de la journée, elle serait plus riche de 500$.

— Il reste cinq minutes, annonça Lorna Crowley Brown à partir d’un podium du côté extrême gauche de la scène.

Le quatuor entama une dernière pièce appréciée dans les salons de thé pendant que la foule rugissait comme si elle se préparait à une joute.

— Veuillez gagner votre siège afin que nous puissions commencer, sourit Lorna avec excitation.

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