Julian by Robert Charles Wilson

Julian by Robert Charles Wilson

Auteur:Robert Charles Wilson [Robert Charles Wilson]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Aria : Seule et perdue au milieu des ruines

d’Eula, qui a conclu le premier acte.

Les lumières se sont rallumées pour un entracte. Nombre des Eupatridiens ont aussitôt gagné le foyer, mais Calyxa, Julian et moi, jeunes gens à la vessie fiable, sommes restés à nos places. Des images du film me flottaient encore dans l’esprit et j’ai commencé à réfléchir aux merveilles perdues des Profanes de l’Ancien Temps. J’ai demandé à Julian : « Les Profanes de l’Ancien Temps ont fait des films, non ? Il me semble que tu me l’as dit.

— Trop nombreux pour les compter, même si aucun ne nous est parvenu, à moins qu’ils aient été mis sous clé dans les archives du Dominion. » Le Comité Culturel du Dominion, a-t-il expliqué, disposait à New York d’un grand bâtiment de pierre dans lequel il conservait des textes, documents ou autres articles anciens trop blasphématoires pour le public. Personne d’extérieur au clergé autorisé ne savait quels trésors il renfermait.

« Et c’était des films en couleur avec un son enregistré ?

— Exactement.

— Alors pourquoi on ne peut pas en avoir, nous ? Ou du moins en avoir davantage tels que nous les faisons ? Je ne comprends pas, Julian. Les technologies les plus simples du passé n’ont rien de mystérieux pour nous. On n’a peut-être pas beaucoup de pétrole, mais on peut obtenir le même effet en brûlant du charbon.

— Nous pourrions faire des films avec du son enregistré, mais les ressources n’ont pas été allouées de cette manière. Même chose pour cette machine à écrire avec laquelle Theodore Dornwood t’a convaincu de lui fournir tes services. Nous pourrions construire une machine à écrire pour chaque être humain de Manhattan, si nous le voulions, mais ce serait une dépense inconsidérée de fer, de caoutchouc ou de je ne sais quelle matière dont sont faites les machines à écrire… le Sénat attribue ces matières aux fabricants eupatridiens, qui à leur tour fournissent les militaires en armes et autres nécessités. »

Je n’y avais pas pensé en ces termes. J’ai supposé qu’on pouvait considérer chaque Balayeuse de Tranchées au Labrador comme une machine à écrire non construite ou un film non produit. Marché douloureux, mais quel patriote aurait pu ne pas l’approuver ?

« Un artiste, a poursuivi Julian, un petit fabricant ou un petit commerçant doit se débrouiller soit avec les ressources qui lui parviennent comme excédent des plus gros qu’eux, soit avec des restes récupérés dans un Dépotoir local. Ce qui est bien entendu d’une justice discutable. » Il s’est tourné vers Calyxa. « Qu’est-ce que tu penses du film, jusqu’ici ?

— En tant que spectacle dramatique ? » Elle a roulé les yeux de mépris. « Et les chansons… excuse-moi, les arias… sont simplettes. La chanteuse a du talent, par contre. Sa voix est un peu plate dans les registres aigus, mais vigoureuse et éloquente, dans l’ensemble. »

J’ai poliment exprimé mon désaccord quant à la qualité dramatique, mais son opinion sur la musique équivalait à de grandes louanges, car même dans ses meilleurs moments, Calyxa n’accordait son approbation qu’à contrecœur.



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