Intouchable : Une famille de parias dans l'Inde contemporaine by Jadhav Narendra

Intouchable : Une famille de parias dans l'Inde contemporaine by Jadhav Narendra

Auteur:Jadhav, Narendra [Jadhav, Narendra]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature étrangère
ISBN: 9782213613031
Éditeur: Fayard
Publié: 2002-01-01T23:00:00+00:00


Alors elle se mettait à gémir, à me tapoter le dos, à me caresser les cheveux.

J’aimais bien quand elle faisait mon éloge. Mais maintenant, moi, je connaissais mon homme. Ce n’était pas un paresseux. Je savais qu’il se donnait du mal, qu’il mourait de faim toute la journée. Il ressemblait à un squelette. Son estomac ne pouvait retenir que du thé et un morceau de pain. C'était un homme honnête, et si son obstination lui valait parfois des ennuis, jamais il n’aurait transigé sur les valeurs auxquelles il croyait.

– Aga Soney, regarde-toi… tu n’as que la peau sur les os, les mains enflées, le regard terne. Regarde ce que nous avons fait de toi. Si tes parents te voyaient aujourd’hui, qu’est-ce qu’on leur dirait?

Moi, je savais qu’il essayait. Comment aurais-je pu le pousser davantage? Il souffrait tellement !

Un jour, Lakshman vint chez nous en l’absence de mon homme. Comme d’habitude, je lui fis une tasse de thé. Je sentais qu’il était agité. Je lui demandai plusieurs fois ce qui le tracassait. Finalement, après un long silence, il me dit que pour lui, j’étais comme une sœur. Et que c’était pour mon bien qu’il allait briser le serment qu’il avait fait à mon homme. Il me fit promettre de ne jamais tourmenter mon homme et de prendre bien soin de lui.

Je ne comprenais pas où il voulait en venir.

– Comment te dire, Sonubai? Il y a un mois environ, il s’est passé quelque chose, et Damu m’a fait jurer de n’en parler à personne. Et moi, je ne me suis pas pardonné d’avoir laissé Damu seul, et d’être parti… mais je ne pouvais pas faire autrement, Sonubai, ce n’était pas possible, fit-il en secouant la tête. Sonubai, c’est seulement parce que ton destin est de garder le kumkum sur ton front…, poursuivit-il d’une voix entrecoupée, que Damu est toujours en vie…

Je poussai un cri d’horreur.

– Ne t’inquiète pas, il va très bien maintenant. Il n’est plus en danger. Ça faisait quatre jours qu’on faisait trois heures de marche pour aller chercher du travail à Pydhunie. Jusque-là, nous n’avions rien trouvé. Chaque jour, nous parcourions de longues distances, l’espoir au cœur. Mentalement et physiquement, nous étions épuisés. Damu était devenu si faible que toutes les cinq minutes il perdait le souffle et devait s’asseoir sur le bas-côté pour se reposer. Nous rêvions d’une tasse de thé pour nous redonner des forces. Mais on n’avait pas un sou, ni pour du thé, ni pour un billet de train. J’étais follement inquiet.

« J’ai alors annoncé à Damu que nous allions voyager sans billet. Il y a beaucoup de pauvres qui voyagent en fraude, alors, pourquoi pas nous ? Ce n’est pas comme si nous avions l’argent en poche, lui ai-je expliqué. Mais il s’est fâché et, entre deux quintes de toux, il m’a engueulé. Il m’a dit que je n’avais rien compris à l’enseignement de Babasaheb.

«Mais moi, j’ai insisté. Le seth nous avait promis du travail ce jour-là, sauf qu’il fallait y être à l’heure pile, sinon les autres se feraient engager à notre place.



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