Histoire sombre de la milice by Gérard Chauvy

Histoire sombre de la milice by Gérard Chauvy

Auteur:Gérard Chauvy
La langue: fra
Format: mobi, epub
Éditeur: Ixelles
Publié: 2012-11-29T05:00:00+00:00


Monsieur le secrétaire d’État

Au soir du 30 décembre 1943, la radio peut annoncer les remaniements au sein du gouvernement que la presse répercute à la une le lendemain : « Le ministère de l’Intérieur est réorganisé et renforcé. M. Lemoine devient secrétaire d’État à l’Intérieur. M. Darnand secrétaire général au Maintien de l’ordre. M. Parmentier directeur général de la police nationale. » On voit que le nouveau responsable du maintien de l’ordre est « encadré » par deux autres personnages. C’est sans doute l’ultime tentative, de Laval en particulier, d’essayer de contrebalancer l’autorité de Darnand. Antoine Lemoine était un homme de la « préfectorale » qui avait été nommé, au retour de Laval au pouvoir en avril 1942, préfet de la Haute-Vienne puis préfet régional à Limoges avant de le voir au même poste à Marseille à un moment sensible puisqu’il arrive lors de la destruction du Vieux Port par les Allemands. Mais visiblement, Lemoine est un homme prudent, « qui se cantonna dans des attributions purement administratives », admettra l’instruction menée après la guerre par la Haute Cour de justice devant laquelle Lemoine dut rendre des comptes, sans dommages d’ailleurs95. Quant à Parmentier, ancien combattant émérite de 14-18, avocat de formation, membre avant la guerre de la Fédération républicaine, il a été nommé lui aussi préfet par Vichy, à Rouen. Là il se révèle comme un fonctionnaire qui a « suivi avec discipline les ordres reçus, dira-t-il, mais en aménageant dans toute la mesure du possible les situations individuelles ». Il garde toutefois la confiance de Laval et les Allemands ne s’opposent pas non plus aux décisions prises à la fin de cette année 1943 : « Le 26 décembre 1943, André Parmentier a été convoqué par Pierre Laval qui lui fit part de son désir de l’appeler à la tête de la police, de façon à ce qu’un fonctionnaire de l’administration préfectorale soit auprès de M. Darnand, désigné comme chef du Maintien de l’ordre. M. Parmentier dit avoir accepté ce poste par discipline. Il n’avait en main que les services de la police nationale proprement dite, la préfecture de police, la garde mobile, la gendarmerie, la défense passive, la Milice et d’autres services relevant directement du Secrétariat général au Maintien de l’ordre (SGMO) »96. Cela n’était déjà pas mal sauf que Parmentier réussira pleinement à jouer un rôle passif : « Je ne me souviens pas, dira-t-il avec cette part d’amnésie qui arrange bien les choses, avoir donné des ordres écrits ou verbaux pour que soit entreprise la répression policière. Celle-ci étant essentiellement dans les attributions du SGMO. Mon rôle en tant que directeur général était devenu en fait pratiquement administratif et cette diminution d’attributions ne me heurtait pas outre mesure car je désirais maintenir la police traditionnelle en dehors des excès éventuels d’une politique susceptible de devenir de plus en plus partisane. »97

Parmentier, comme Lemoine, étaient suffisamment habiles pour ne pas se salir les mains, ce que Darnand n’hésitera pas à faire.



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