Histoire de l'Espagne by BENOÎT PELLISTRANDI

Histoire de l'Espagne by BENOÎT PELLISTRANDI

Auteur:BENOÎT PELLISTRANDI [Benoît, Pellistrandi]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2013-03-18T23:00:00+00:00


Les oppositions

On mesure mieux ce que fut l’intensité politique des années 1931-1932 quand on se remémore que, durant l’été 1932, le Parlement débattit à la fois de la réforme agraire, du statut de la Catalogne et des lois laïcisatrices. Le 10 août 1932, le général Sanjurjo, ancien commandant de la Garde civile, tente un coup d’État en proclamant l’état de siège à Séville et en lançant un pronunciamiento qui se conclut par un « Vive l’Espagne une et immortelle ». L’échec est immédiat ; le général Sanjurjo est traduit devant un conseil de guerre qui le condamne à mort. Sanjurjo avait demandé à Franco d’assurer sa défense pendant le jugement. Celui-ci avait refusé et Sanjurjo en avait conclu que « Francisquito [diminutif de Francisco] est un égoïste qui va à ses affaires ». Il est vrai que son ancien adjoint avait refusé de le défendre en disant : « Vous méritez la mort, non pour avoir essayé, mais pour avoir échoué21 ! » Cette tentative provoqua un choc salutaire à gauche, en redonnant à la majorité une cohésion qui lui permit de voter les lois importantes en septembre 1932.

L’action gouvernementale était entravée par une coalition républicaine fondamentalement hétérogène. Cette diversité fragilisait le cabinet, qui n’affichait guère d’unité politique. Si Manuel Azaña avait réussi à imposer son autorité, celle-ci se dissipa dans les premiers mois de 1933. L’augmentation du nombre de grèves, les incidents sociaux et les troubles à l’ordre public créent des tensions au sein du gouvernement. Quant à l’opposition conservatrice et monarchiste, elle se réorganise sous la direction énergique de José María Gil Robles, qui fonde en mars la Confédération autonome des droites espagnoles (CEDA). Elle accepte la forme républicaine des institutions et se conforme à la doctrine accidentaliste de celles-ci : les institutions sont ce qu’elles sont ; il faut s’en accommoder sans leur reconnaître une légitimité pérenne, ce qui autorise une possible révision. La CEDA apparaît pourtant aux gauches comme le rassemblement antirépublicain par excellence. Antonio Goiecoechea, ancien compagnon de parti de Gil Robles, fonde Renovación Española (Rénovation espagnole), qui reste fidèle à la monarchie. Ce nouveau parti représente une droite conservatrice et accueille en son sein, dès 1934, l’ancien ministre de Primo de Rivera, José Calvo Sotelo.

Chez les républicains, la coexistence entre les socialistes et les radicaux d’Alejandro Lerroux devient de plus en plus compliquée. Les socialistes, tout à leur dilemme d’une participation ou non à un gouvernement bourgeois, restent tentés par la surenchère révolutionnaire, d’autant que l’extrême gauche est de plus en plus forte. Quant à Alejandro Lerroux, il joue sa carte personnelle, qui va le placer au centre de la vie politique. Le président Alcalá-Zamora, vraisemblablement agacé par Azaña, décide en juin 1933, de lancer des consultations pour envisager une autre formule gouvernementale. Ce geste de défiance montre que le président de la République, conscient du risque de blocage politique, entend user de son influence et des pouvoirs que lui confère la Constitution pour agir. Il faut cependant attendre septembre pour que la coalition



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