Fascisme français? by Histoire de l'antisémitisme

Fascisme français? by Histoire de l'antisémitisme

Auteur:Histoire de l'antisémitisme [l'antisémitisme, Histoire de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: CNRS
Publié: 2014-01-14T23:00:00+00:00


Entre crescendo et sfumato

À la différence de Soucy, monté aux extrêmes dès sa première ligne sur le PSF, Sternhell a attendu vingt ans pour le faire ; en contrepoint, Dobry affecte la retenue. En pratique, le but démonstratif commun à leur entreprise éditoriale21 réduit leurs désaccords à des coquetteries22, au profit d’une synthèse répandue sous leur influence.

Les strates récentes de Sternhell s’alignent de plus en plus sur les thèses de Soucy. Désormais, il étire plus uniment une origine de droite du fascisme, portée par les ennemis séculaires des Lumières et de la Révolution française : le PSF en serait la dernière étape avant Vichy (déclassant les pâles non-conformistes des années trente, obsession sternhellienne plus ancienne). Non sans déformation du sens de citations isolées ou réunies sans bon droit : ainsi quelques mots distanciés de La Rocque à l’égard d’Hitler et de Mussolini, dans un propos sur la politique étrangère, interprétés comme une complaisance23. Sur un mode plus faussement documentaire, Dobry exerce ses cisailles sélectives déformantes dans un texte de La Rocque daté de 1943 et reproduit en annexe du livre publié sous sa direction : ablations d’intertitres (dont « République nouvelle » !) et d’autres liaisons ne servant pas ce qu’il voudrait suggérer. Kalman, quant à lui, se situe à la confluence parfaite de Sternhell et de Soucy. Au premier, il emprunte une histoire réduite à l’idéologie – est-ce « aller sur le terrain » ? Au second, les amalgames qui font sa trame générale aussi bien que certains détails (dont le « cas » Darquier de Pellepoix n’est qu’un exemple).

L’école de Dobry est celle d’un politologue éloigné des travaux d’historiens ; selon lui, les historiens ne pensent pas leur objet. Lui disserte en contournant le mot fascisme. À l’entendre, toute définition serait « essentialiste » et restreindrait l’« historicisation » des influences, connivences et démarcations réversibles dans la nébuleuse sans frontière des « droites radicales ». Sous couleur de méthode, la catégorie fourre-tout des « droites radicales » remplace le mot par l’insinuation : la perspective « relationnelle » (notion en soi banale pour l’historien) dont se réclame Dobry est ici fausse par son orientation unilatérale. Laurent Kestel est le seul de ses disciples à apporter un matériau historique ; mais guère sur le PSF. Son livre, La Conversion politique24, se penche sur le Parti populaire français (PPF) de Doriot. Selon lui, la conversion fasciste dérive (au sens littéral) de « carrières politiques avortées » en d’autres lieux. (Mais est-ce généralisable ?) Certes, à lire son introduction et son chapitre sur le Front de la liberté et La Rocque, ainsi que le commentaire avisé qu’en fait Sternhell, comprend-on que le PSF a pour lui autant d’importance ; et que, fidèle à la démarche de Dobry, il entend démontrer que la concurrence des amis de La Rocque et du PPF relève de pures « tactiques de distinctions » entre prétendants à l’hégémonie sur les droites radicales. Mais on voit mal ce que la dérive aventurière et aléatoire du PPF prouve quant au PSF et à son président25.



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