Dragon by Knight E.E

Auteur:Knight, E.E.
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2010-10-17T16:00:00+00:00

CHAPITRE 15

Auron, affamé, assoiffé et frigorifié, se demanda pour la dix-huitième fois en autant de jours ce qui l’avait conduit de l’amitié et du confort jusqu’à ce gâchis. Quand il avait pensé pour la première fois à trouver NooMoakh, il ne s’agissait que d’un vague souhait, une tentative pour partir sur de nouvelles bases et découvrir la vérité derrière l’histoire d’Œilnoisette, cette faiblesse des dragons.

Mais il n’avait pas compté sur le pouvoir de ces terres désertiques. Elles étaient plus vastes que ce qu’indiquaient les cartes des nains.

Ces derniers l’avaient préparé du mieux qu’ils l’avaient pu. Les deux sacoches adaptées à son dos de draque avaient été remplies de viande séchée – tout particulièrement de saucisses – et d’outres remplies d’eau. Auron découvrit qu’une fois leur contenu bu, il pouvait manger le cuir dont elles étaient constituées ; la matière épaisse fournissait à son estomac quelque chose à digérer au cours des froides nuits. Ce n’était en effet pas un désert tiré de quelque légende : une vaste étendue de rochers et de sable. Mais une terre froide et sèche battue par les vents, parsemée de cailloux et d’herbes sauvages qui poussaient sur de gros rochers.

Auron constata que le diamètre de sa queue et sa taille avaient diminué de manière perceptible au cours de son voyage, même après qu’il avait englouti une des sacoches en cuir. Il craignit un moment que sa poche à feu absorbe la graisse liquide qu’elle contenait. Il s’efforça de trotter à la manière des loups, contraignant ses cœurs et ses muscles à maintenir cette allure peu naturelle. Il avançait avec régularité vers le sud et chaque nuit la constellation du Dragon accroupi était plus proche de l’horizon. Parfois, s’il avait de la chance, il attrapait à l’aube ou au crépuscule de petits rongeurs bondissants qui cherchaient des insectes sous les pierres. Leurs petits corps recouverts de poils attisaient sa soif. Il en prit plusieurs et trouva des termitières dans des broussailles. À l’aide de la dwarscie, il ouvrit leurs tours semblables à celles d’une forteresse, avant de les écarter et de creuser les nids.

La tache bleue qui apparut sur l’horizon au soir du vingtième jour lui redonna espoir. C’étaient sûrement les pics de Bisson qui apparaissaient sur les antiques cartes des nains dessinées d’après les indications, traduites, du peuple de Tindairuss. Quelque part en leur sein se trouvait l’antre du dragon. Si Auron n’était plus capable de trotter, il pouvait marcher. Il traqua les montagnes comme il l’aurait fait d’une proie. Il avançait en plantant l’arrière puis l’avant de ses pattes ; ses muscles semblaient asséchés et ses articulations grinçaient quand il marchait.

Une créature volait au-dessus de lui grâce à de larges ailes aux plumes écartées comme des doigts. Auron poursuivit son chemin sans lui accorder d’attention. Elle descendit peu à peu en une demi-heure de cercles paresseux. Son ombre passa au-dessus de lui et l’extrémité d’une queue froide brossa l’échine du draque.

— Hé, bientôt-mort, si tu viens du nord, tu aurais dû te faire ramasser, lui lança-t-elle en langue des oiseaux.

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