Che Guevara by CORMIER Jean

Che Guevara by CORMIER Jean

Auteur:CORMIER Jean
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions du Rocher
Publié: 2017-08-28T00:00:00+00:00


L’analyse du Che laisse entendre, comme cela se vérifiera hélas, que ce puzzle qu’est la Yougoslavie ne tient en place que par la person-nalité d’un homme, Josip Broz dit Tito. Le maréchal marque le Che. D’abord par son parcours, qui stimule l’imagination du fils spirituel de Bolivar. Né croate, il a organisé la lutte contre l’occupation allemande, est devenu chef du gouvernement en 1945, a rompu avec Staline en 1948, en s’imposant comme le leader des pays non alignés. Le Che n’a pas caché à ses compagnons qu’il avait hâte de rencontrer cet homme, qui s’employait à mettre en place un socialisme autogestionnaire. Omar se souvient de la rencontre :

– Plus grand que le Che, moins haut que Fidel, de la taille de Nasser, le maréchal nous reçut très simplement dans l’île de Brioni, sur l’Adriatique. Un paradis pour machos. Les dirigeants du Parti avaient là à leur disposition des femmes toutes plus belles les unes que les autres, de tout type et de toute couleur. Lors du déjeuner qu’il donna pour notre délégation, le Che ne tarda pas à entrer dans le vif du sujet. « Nous les Cubains sommes seuls, les Américains organisent des contre-révolutions. Pour intervenir, nous avons besoin d’armes. » Appel qui déclencha l’esquive du maréchal : « Je ne peux pas vous aider. J’ai juste de quoi pourvoir à mes propres besoins. Ce n’est malheureusement pas possible, et croyez bien que je le regrette. »

Dans l’avion, après leur départ de Yougoslavie, le Che apprend par un journal anglais que Tito vient de vendre des armes à un pays arabe ! « Il a eu peur de nous en céder, c’est ça la neutralité », glisse-t-il à son ministre des Transports.

Il n’en reste pas moins que l’expérience yougoslave a été profitable. Le travail volontaire, par lequel les citadins prêtent main-forte aux paysans, la répartition socialiste des bénéfices au sein d’un capitalisme patronal sont autant d’enseignements que Guevara juge bénéfiques. De surcroît, à ses yeux, les Yougoslaves sont les seuls communistes à jouir d’une véritable liberté de jugement. Il en veut pour preuve les tableaux abstraits qui recouvrent les murs des musées qu’il a visités.

Dans ses carnets, le Che conclut sur Tito : « Il nous a impressionnés pour plusieurs raisons. Premièrement, son immense popularité. Deuxièmement, sa simplicité d’homme du peuple et son esprit fraternel. Troisièmement, sa connaissance de la situation cubaine et des dangers que court notre Révolution. Nous considérons que nous devons largement amplifier notre commerce avec la jeune république fédérative de Yougoslavie. »

Avant de rallier le Pakistan, les Cubains passent par Ceylan. « Une île inférieure à Cuba en superficie, mais avec près de neuf millions d’habitants. La cordialité y règne et le Premier ministre Bandaranaike, homme élancé et nerveux, est habillé à l’hindoue avec ses longs pans de toile blanche. Nous avons obtenu l’achat de mille tonnes de notre sucre et sommes convenus d’établir des relations régulières entre nos deux pays. »

Le 20 août, dernière escale à Karachi, où les ambassadeurs sont attendus par le général Ayub Khan qui se montre plein d’affection pour les jeunes révolutionnaires.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.