Virginia Woolf, carte d’identité by Henriette Levillain

Virginia Woolf, carte d’identité by Henriette Levillain

Auteur:Henriette Levillain [Levillain, Henriette]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782213719108
Google: 0OcXEAAAQBAJ
Éditeur: Fayard
Publié: 2020-12-15T13:14:14+00:00


*1. « Belle journée de printemps. J’ai marché dans Oxford Street. Les autobus se suivent à la chaîne. Les gens se battent et se débattent, se font tomber du trottoir. Vieillards nu-tête. Un accident d’auto, etc. Marcher seule dans Londres est la chose la plus reposante qui soit. »

Maisons

And now I must take a last look at the country : which will dissolve me in tears*1313.

Les maisons parlent parfois mieux des artistes que leurs œuvres. En octobre 1935, Virginia Woolf s’est enfin décidée à composer la biographie de Roger Fry, à la demande pressante de sa sœur, Margaret. La matière était abondante. Une année après sa mort, celui-ci était reconnu comme un critique d’art visionnaire, un remarquable portraitiste et une référence incontestable de la vitalité défunte du Bloomsbury Group. Par où commencer ? Par le début et suivre selon les conventions du genre le fil chronologique ? Ou bien par la fin et remonter le temps ? Ne trouvant pas l’attaque, elle se résolut à se promener dans la rue londonienne où Fry était né et avait grandi. La maison avec son jardin était telle qu’il l’avait décrite dans un fragment d’autobiographie. L’ouvrage ne sera achevé et publié qu’en 1940, son introduction avait cependant aussitôt pris forme : « Hier nous avons traversé à pied Keen Wood, vers Highgate, et regardé les deux vieilles petites maisons des Fry. C’est là que Roger est né, là qu’il a vu le coquelicot. Je songe à commencer le livre par cette scène314. »

Très tôt, à une époque où les maisons d’écrivains ne remportaient pas le succès touristique d’aujourd’hui315, Virginia Stephen avait été initiée à l’association d’un écrivain et de sa demeure. Main dans la main avec son père, elle avait visité à Londres celles de Carlyle et de Thackeray. C’était de la part du biographe des célébrités anglaises pure curiosité intellectuelle. Il aimait connaître leur lieu de travail, leur bureau et leur table à écrire, leurs bibliothèques et leurs archives. Au fur et à mesure que Virginia accéda au monde des romanciers et des poètes, en un mot des imaginatifs, elle conçut autrement la relation d’un auteur avec son habitat. La distinction devait être faite alors entre la maison où l’on écrit et celle où l’on vit en rêve, autrement dit pour de vrai ; entre le presbytère étriqué de Haworth, où habitaient les uns sur les autres les membres de la famille Brontë, et « la lande, infortunée et solitaire, pauvre et passionnée, où Charlotte demeure à jamais316 » ; entre Monk’s House à Rodmell dans le Sussex, occupée par Virginia Woolf de juillet 1919 jusqu’au jour tragique de mars 1941, et Talland House à St Ives (Cornouailles), la maison de location occupée pendant toute la durée des grandes vacances par la famille Stephen, jusqu’à la mort de Julia en 1894. Monk’s House est l’aboutissement de la longue et laborieuse recherche par Virginia d’une maison à soi qui convienne à l’élaboration de son œuvre. Contrastant avec la première demeure londonienne, Hyde Park Gate,



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