Un brin d'apocalypse by Carter Brown

Auteur:Carter Brown [Brown, Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Humour, Littérature australienne
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 2015-10-01T23:00:00+00:00

CHAPITRE X

Il était exactement onze heures lorsque nous remontâmes chez nous. Je m’installai dans un fauteuil, tandis que Don nous préparait quelque chose à boire. L’inspecteur Fromme avait fini par renoncer à nous interroger. Et, à voir son air dégoûté en nous quittant, il se préparait à se loger une balle dans la tête. Je le comprenais, d’ailleurs : plus je pratiquais là famille Ebhart, plus je réagissais comme Fromme. Don mis à part, bien entendu.

Don me tendit mon verre et s’installa avec le sien dans un fauteuil, en face de moi.

— Quelle nuit ! dit-il avec un sourire lugubre. Fromme commençait à me faire pitié. De la façon dont il s’y prend, il n’a pas la moindre foutue chance de découvrir l’assassin d’Edwina.

— Et vous, Don, vous avez une idée sur la question ?

— Mais bien sûr. J’ai tué Edwina ; puis, en vous entendant arriver avec Carl, je me suis assommé moi-même d’un coup sur la nuque.

— Non, sérieusement ?

— Non, répondit-il en secouant la tête. Tout ça n’a ni queue ni tête pour moi. Si quelqu’un devait se faire assassiner, c’était vous.

— Je vous en prie, Don ! Je suis encore en vie, ne parlez pas de malheur !

— Une seule personne connaissait l’existence du testament, reprit-il pensivement et, bien entendu, c’était Fabian. Mais je ne l’imagine pas commettant un crime de sang-froid.

— Vous savez…, lui dis-je. J’ai réfléchi…

— Ne vous surmenez pas, Mavis, s’exclama-t-il d’un air inquiet. N’allez pas perdre la tête comme M. Limbo !

— Il y a une différence entre M. Limbo et moi, fis-je observer. Je ne suis pas un pantin !

— Son propriétaire n’est peut-être pas de cet avis, riposta Don en souriant. Allez, je vous écoute.

— Je crois que c’est Fabian qui a tué Edwina.

— Pourquoi ?

— C’est lui qui, hier soir, lui a fait penser à la cave et à ce qui s’y trouvait. Et puis, ça se sent, ces choses-là. Il y a quelque chose de trouble, en lui.

— Intuition féminine ? fit Don avec un haussement de sourcil narquois.

— Si vous ne tenez pas à connaître mon plan, okay, dis-je d’un air détaché. En fait, je n’ai pas besoin de vous. Je suis persuadé que Carl me donnera volontiers un coup de main.

— Carl ! aboya Don. Ne vous avisez pas de l’approcher quand je ne suis pas à portée de voix. D’abord, qu’est-ce que c’est que ce plan ? Qu’est-ce que vous racontez ?

— Je vous préviens que, si vous continuez à jouer les Johnny Rio, vous allez détruire toutes mes illusions et flanquer tout par terre.

— Excusez-moi, mon petit.

Il vint s’asseoir sur le bras de mon fauteuil et passa son bras autour de mes épaules, ce qui me mit dans l’incapacité de me concentrer. Don m’encouragea :

— Allez-y ; mon chou. Vous parliez d’un plan ?

— Eh bien, oui, dis-je d’une voix mal assurée. Mais si vous continuez, je vais tout oublier.

— Bravo ! C’est ce que je souhaitais !

Je repoussai sa main :

— Soyez sérieux, Don.

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