Tais-toi ! (French Edition) by Céline Theeuws

Auteur:Céline Theeuws [Theeuws, Céline]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: LCL
Publié: 2020-04-20T22:00:00+00:00

Des voisins qui furent vite mis au courant de la récente disparition de Gérard. Tout le monde s’interrogeait. Tout le monde, c’étaient Lucienne Martinet, Huguette Zimmermann, Rolande Petitjean, Mireille Fabre-Sauviac, Carmen De Sousa et d’autres commères qui avaient fait du hall d’entrée leur salon de thé.

Pendant que la concierge priait pour que le matou ne soit pas en train de faire ses besoins dans les étages, les amies de la septuagénaire avaient l’air vraiment inquiètes. Chacune y allait de son petit commentaire. Comme est-ce possible ? Mais non, c’est une farce ! Ben ça alors. Tu es sûre qu’il ne s’est pas caché sous le canapé ?

— Évidemment, bande d’idiotes ! les tança vertement Lucienne mi-paniquée, mi-colérique.

Concernant cette affaire, ces femmes ne surent que penser. Le chat avait peut-être été enlevé.

— Des dizaines de milliers d’animaux de compagnie sont volés chaque année en France, précisa Huguette, ce qui fit renifler la vieille dame de plus belle.

Le minou aurait aussi pu être recueilli par un résident qui le croyait abandonné.

— Chacun sait ici que Gérard m’appartient et que pour rien au monde je ne m’en séparerais ! pleurnicha madame Martinet en songeant à toutes les atrocités qu’un bourreau était plausiblement en train de lui infliger.

— T’es certaine qu’il ne s’est pas enfui ? insista Petitjean. Les pattes qui le démangeaient, une jolie chatte qui lui a fait du gringue, une crise de la quarantaine, ça s’est vu, enfin moi, j’en connais des tas, des hommes qui ont pris leurs cliques et leurs claques pour une chatte.

— Gérard était fidèle, jamais il ne m’aurait quittée, affirma Lucienne sans que personne ne sache si elle faisait référence à son chat ou à son défunt mari.

— Tu as raison, Gérard était fidèle, soupira Rolande en repensant à son Émile qui, lui, était allé voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs.

Soit. Tout ça ne menait à rien. Seul Gérard aurait pu dire où il se trouvait réellement, au quatrième étage, ses griffes plantées dans le canapé de Beaulieu qui, trop occupé à se préparer, ne se doutait pas que le matou foutait en l’air son mobilier ni même qu’une enquête était menée au rez-de-chaussée. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il ouvrit la porte de l’ascenseur.

— Jonathan, vous tombez à pic.

C’est à son corps défendant que le quadra s’avança vers cette horde de détectives en colère. Scandalisées, les mamies tentaient par tous les moyens de désigner un coupable, à commencer par Zimmermann qui accusa le facteur, un beur avec une barbichette, des graines de terroristes, ceux-là, un peu raciste sur les bords, Huguette. Vint ensuite le tour de sa voisine de palier, celle qui soi-disant sentait mauvais et qui, malgré sa bouffée d’audace, n’était pas encore allée demander l’âge de la concierge. Elle raconta avoir vu une Citroën s’arrêter devant l’immeuble, ou une Peugeot, était-ce d’ailleurs le même jour ? Elle ne savait plus, soutint pourtant mordicus qu’il s’agissait d’un enlèvement perpétré par un automobiliste inconnu au bataillon. Mireille n’avait quant à elle rien vu, rien entendu, encéphalogramme plat, merci, Mireille.

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