Pour un arpent de terre by Michelet Claude

Pour un arpent de terre by Michelet Claude

Auteur:Michelet, Claude [Michelet, Claude]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française
Éditeur: Jayd85 - TAZ
Publié: 2011-09-21T16:23:00+00:00


TROISIÈME PARTIE

LE SABLE ROUGE D'ARICA

13

Comme chaque soir avant de se coucher, Antoine s'assurait que toutes les portes et les fenêtres étaient bien fermées, lorsque la terre trembla légèrement. C'était la troisième fois en vingt-quatre heures que le sol donnait ainsi l'impression de s'ébrouer. Car ce n'étaient pas de gros frissons qui avaient secoué la ville, ces terremotos terrifiants et grondants qui jetaient tout le monde hors des maisons. C'étaient d'agaçants et éprouvants petits spasmes qui, pour quelques instants, donnaient aux gens l'impression d'être un peu ivres et flageolants. Antoine savait que Pauline détestait toujours autant ces désagréables soubresauts du sol et s'empressa de rejoindre la chambre.

« N'aie pas peur, dit-il en entrant ; ce n'est rien, ça ne durera pas. »

Il vit qu'elle était déjà debout, sa robe de chambre sur les épaules, à côté du berceau, prête à bondir dans le jardin avec le bébé qui dormait toujours.

« N'aie pas peur, redit-il, ça se calme déjà !

— Si, j'ai peur, avoua-t-elle. Tu sais très bien que j'ai toujours peur ! Enfin, ce soir, tu es là, mais quand je suis seule avec les petits, quelle horreur ! Dieu que je déteste ces temblores à répétition ! Et puis pourquoi ce pays bouge-t-il tout le temps ?

— Va savoir ! » dit-il en haussant les épaules.

Il s'immobilisa un instant, pour mieux évaluer la stabilité du sol.

« Voilà, c'est fini, assura-t-il ; tu peux te recoucher.

— Tu es certain ?

— Mais oui. D'ailleurs, je te rejoins. »

Mais elle n'était pas pleinement rassurée et au lieu d'aller au lit, préféra s'asseoir dans un fauteuil.

« Au fait, je ne t'ai pas dit, lança-t-il pour lui changer un peu les idées, c'est après-demain que M. de Morales rencontre Herbert ; il me l'a annoncé hier soir.

— Tu crois qu'il pourra vous aider ?

— J'espère.

— Tu iras ?

— À cette entrevue ? Non. Tu sais bien que les finances ne sont pas tellement mon rayon et puis je dois redescendre à l'hacienda. Il n'y aura qu'Edmond et Herbert pour discuter, et c'est bien suffisant.

— Martial n'y va pas non plus ? s'étonna-t-elle.

— Non, il part pour Valparaíso avec Romain. Tu sais, quand il a une idée en tête, lui !

— Quelle idée ?

— Celle du cabotage, pardi !

— Je croyais que vous manquiez de capitaux !

— C'est vrai, mais, comme dit Martial, ça n'empêche pas de se renseigner sur le prix des bateaux ! Et Romain est de son avis. C'est fou ce que ces deux-là sont faits pour s'entendre ; à se demander comment ils ont pu vivre jusque-là sans se connaître ! »

Et c'était vrai que les deux hommes avaient tout de suite sympathisé. Ils partageaient le même goût de l'aventure, du risque, et pensaient l'un et l'autre que le commerce et les affaires devaient se conduire avec le plus d'audace possible, surtout dans un pays en guerre. Ils étaient pleins de projets et d'idées.

« Enfin, dit Antoine en commençant à se dévêtir, je suis ravi qu'ils s'entendent à ce point. Et si



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