Peaux de bananes by Charles Williams

Peaux de bananes by Charles Williams

Auteur:Charles Williams [Williams, Charles]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
ISBN: 9782070472949
Google: BaEePAAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1956-02-14T23:00:00+00:00


Chapitre XII

— Oui, il a répondu. Mais je pousse encore bien mieux la chansonnette. À moins que vous ne préfériez qu’on bavarde un peu, d’abord ?

Le funiculaire s’est arrêté au milieu de California Street ; Bolton est descendu et m’a fait signe. Je l’ai rejoint sur le trottoir. Je n’avais encore rien trouvé. Ça devait finir par arriver, je le savais, mais je ne m’y attendais pas si tôt. Il a fait :

— Si on allait prendre un verre au « Top of the Mark » ?

— D’accord.

Peu de monde au bar. Nous nous sommes assis près d’une fenêtre ; personne dans les stalles voisines. On a commandé des scotch. Pendant qu’on attendait, je l’ai dévisagé. Les traces de coups s’étaient effacées. Ses yeux inexpressifs, durs et gris comme d’habitude, ne dévoilaient rien. C’était le genre rusé, doucereux et vache comme personne, mais sous des dehors mondains, ce qui était pire parce qu’il n’y avait pas moyen de savoir de quoi il était capable.

Tout à coup, je ne sais trop pourquoi, je me suis mis à penser à cette soirée à la Nouvelle-Orléans et à la façon dont il avait cané devant Donnelly. Ça me tracassait toujours, parce que ça me semblait illogique.

On nous a apporté nos verres. J’ai levé le mien en disant :

— Salud !

Dès que le garçon a eu le dos tourné, j’ai enchaîné très vite, sans lui laisser le temps de parler :

— Ne me faites pas languir, Bolton ! Comment vous en êtes-vous tiré ? Et que devient Charlie ? Est-ce qu’il…

— Ne vous fatiguez pas, Belen. Laissons là les contes de fées et venons-en à l’essentiel. Où est Cathy ?

Il n’y avait pas mèche. Comme elle l’avait prévu, ils devaient avoir compris dès qu’ils avaient regardé la voiture de plus près. Il fallait trouver autre chose.

J’ai joué la surprise :

— Cathy ? Comment voulez-vous que je sache ?

— Ah bon, elle n’est pas avec vous, il a murmuré, poliment.

— Non. Je suis parti et je l’ai laissée à El Paso. Elle a de la chance que je ne l’aie pas étranglée. M’avoir laissé tomber à Wyecross sans un rond et sans aucun moyen de m’en sortir.

— Et de deux, fit-il avec ennui. Quand vous aurez fini, on pourra parler d’autre chose. Vous avez quitté Reno avec Cathy il y a juste une semaine, au cas où vous ne le sauriez pas. Alors où est-elle ?

Là, il me tenait. Il était au courant de tout. J’ai allumé une cigarette pour gagner du temps.

— Vous ne pensez quand même pas que je vous le dirai ?

— Je n’en suis pas certain, mais je le crois. D’ailleurs, vous n’aurez sans doute pas à le faire. Dites-lui simplement que vous m’avez vu et faites-lui une commission : elle me téléphonera elle-même.

— Elle ne le fera pas. Mais dites toujours.

— Eh bien ! vous lui direz que si je n’ai pas ma part du fric, je téléphone à Lachlan.

On était faits. Faits comme des rats. Un mot à Lachlan et tout était en l’air avant même d’avoir commencé.



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