Les contes interdits - Blanche Neige by L.P. Sicard

Les contes interdits - Blanche Neige by L.P. Sicard

Auteur:L.P. Sicard [Sicard, L.P.]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Éditions ADA inc.
Publié: 2017-10-19T04:00:00+00:00


Chapitre 10

J’enfilai d’abord cette robe, lassée que j’étais d’être nue et vulnérable : elle me seyait à merveille, et je n’éprouvai nulle difficulté à m’en vêtir. La tache de sang, suite au savonnage, était presque disparue ; le seul inconfort que j’éprouvais me venait du fait qu’elle n’était pas tout à fait sèche, mais je n’en avais cure. À mon retour dans le portique, je m’assurai une fois de plus que la porte était bien verrouillée : la chaînette était toujours en position. Ce fut ensuite le tour aux fenêtres d’être vérifiées : elles étaient toutes fermées, sans exception. Mon adversaire était des plus instables et imprévisibles — c’était un manoir entier ! Mon inspection terminée, je me rendis au salon, dans le centre duquel je m’assis, mes bras déposés sur mes genoux, la respiration rapide aussi profonde que possible. Comme un fidèle attend une prière, moi, j’attendais que le plafond s’effondrât sur ma tête, qu’une nouvelle menace, qu’un nouveau mystère surgît de je ne savais quel recoin isolé. J’avais déposé le revolver sur le tapis circulaire qui revêtait le plancher de la luxueuse pièce ; de quelle utilité m’était-il, face à une pareille menace ?

Et j’attendis…

Moins longtemps encore que je ne l’aurais pensé : quelques toussotements me prirent la gorge. Ma respiration devint difficile, mes yeux furent attaqués par une force indiscernable. Je n’aurais su décrire cette douleur qui me saisit autrement que par un essoufflement soudain, une brûlure dans les poumons et sous les paupières. Ce fut en me tournant vers une bougie que je compris enfin : une fumée, dangereusement dense, valsait dans l’air ainsi qu’un poison volatile. Les yeux mi-clos comme criblés d’un millier de minuscules aiguilles, je tentai de trouver la provenance de ces exhalaisons mortifères, renversant au passage une sculpture en verre qui éclata par terre. La plante de mon pied se déposa lourdement sur un fragment tranchant qui l’écorcha douloureusement. Je réprimai un cri, mais ne me souciai pas plus de cette blessure : à un tel rythme, je mourrais par asphyxie bien avant que de saignements. L’âtre m’apparut au fond du salon parmi la fumée opaque ainsi qu’en un brouillard : des braises ardentes léchées par des flammes pareilles aux sept langues de l’hydre projetaient une cuisante chaleur dans la pièce. Ne disposant pas du nécessaire pour l’éteindre, je me ruai vers la fenêtre la plus près, que j’ouvris d’un coup de coude désespéré : ses gonds se rompirent sous l’impact, laissant un air frais pénétrer dans mes narines insensibilisées. Si seulement elles avaient été fonctionnelles, j’aurais senti ce feu bien avant que d’en être étouffée ! Je restai une minute ainsi perchée sur le châssis, inspirant comme après des heures passées sous l’eau, tandis que des volutes de fumée m’enveloppant de toute part s’échappaient vers le ciel obscur. De toute évidence, pour que la fumée demeurât à l’intérieur du bâtiment, la cheminée était bloquée, et je n’allais certainement pas m’improviser ramoneuse pour régler ce problème. Je pris une longue inspiration et



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