La nuit des coyotes by Lewis Byford Patten

La nuit des coyotes by Lewis Byford Patten

Auteur:Lewis Byford Patten [Patten, Lewis Byford]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Western
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1977-04-28T23:00:00+00:00


CHAPITRE XI

Grand, l'air sinistre, Reed Sheridan avait la chevelure raide et jaunâtre qu'il portait généralement trop longue, une moustache clairsemée dont les poils semblaient toujours s'en aller en tous sens. C'était l'avoué du patelin, mais comme la localité, pas plus que le comté, n'avait assez d'affaires juridiques pour faire vivre un homme de loi, il était également propriétaire et directeur de la société des distilleries du Comté de Maxwell. Il possédait une maison de bois cossue à étage, à deux cents mètres du ruisseau ; il avait une femme grassouillette et deux fils à l'école primaire.

Il avait autre chose, un souvenir qui même à présent, soit onze ans après la fin de la guerre, le tourmentait encore. Assis à son bureau, il regardait la rue par la fenêtre et pensait à Marcus Easterling qui gisait le crâne fracturé dans l'écurie de la veuve Wallace. Et il avait peur, tout comme il avait eu peur un certain jour à Gettysburg ; il souhaitait pouvoir fuir comme alors, sans savoir où. D'ailleurs, ça lui était impossible à cause de sa femme et de ses gosses, de sa situation dans cette commune.

Mais la panique était la même. La peur blême, la peur glacée de la mort qui vous tombait dessus comme un coup de froid et annihilait votre volonté. D'homme on devenait une loque tremblante qui ne pouvait que céder à un irrésistible besoin de survivre.

Telle était la nature de la peur qui s'était emparée de lui à Gettysburg. Fuir, échapper à cette rangée d'hommes vêtus de gris. Quand il avait bondi pardessus le parapet et couru, la même panique s'était saisie d'autres hommes à ses côtés ; ils avaient sauté et couru eux aussi. En l'espace de quelques minutes seulement, toute la ligne retranchée courait. Des hommes tombaient tandis que les rebelles s'arrêtaient, s'agenouillaient, puis envoyaient un feu mortel dans les rangs des troupes en déroute de l'Union.

Reed Sheridan n'était jamais passé en jugement pour désertion. Tout le monde avait fui, et personne n'avait révélé que Reed Sheridan avait été le premier, le premier sans lequel cette débandade lamentable ne se serait peut-être jamais produite.

Mais Reed Sheridan le savait. Et cette pensée le rongeait sans cesse.

Du moins en fut-il ainsi jusqu'au jour où Pat Mosely était arrivé au bourg en s'écriant qu'un camp de sales Indiens assassins était installé au bord du ruisseau. Sheridan y avait soudain vu l'occasion de se jeter dans la mêlée et de trouver enfin l'occasion de se racheter. Du même coup, il allait pouvoir casser de l'Indien en hommage au colonel Custer et à ses vaillants soldats, tombés sur un lointain champ de bataille.

Plein d'ardeur, il était rentré chez lui pour chercher son cheval. Il avait sorti son fusil de chasse. Allait-il prendre aussi son sabre ? Il avait hésité mais s'était finalement décidé à le ceindre aussi. Et il était parti pour le saloon des « Toucheurs de bœufs » où il avait rejoint les autres et tous avaient quitté le bourg pour prendre la double piste des charrettes menant au camp indien.



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