Double je by Véronique Mortaigne

Double je by Véronique Mortaigne

Auteur:Véronique Mortaigne [Mortaigne, Véronique]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Équateurs
Publié: 2018-03-04T23:00:00+00:00


10

Don Juan

Paris, Noël 1972. Lui, le magazine de l’homme moderne, publie une série de photos chocs : Jane Birkin et Brigitte Bardot en plein flirt, nues, enlacées. C’est osé. Certes, la jeune Anglaise a outré le Vatican quatre ans auparavant en chantant lascivement Je t’aime... moi non plus, une histoire de sodomie partagée avec son amant Serge Gainsbourg. Certes, Brigitte Bardot, femme libre, a fracturé le sarcophage de la bienséance avec Le Mépris ou Et Dieu... créa la femme. Mais... Qui a eu cette idée folle de les coucher dans la même alcôve  ? Qui nous offre sur un plateau deux symboles sexuels dont on peut comparer l’esthétique  ? Un macho notoire, russe par son père, beau ténébreux et tombeur de stars : Roger Vadim.

Le portfolio publié par Lui est signé Léonard de Raemy, photographe suisse, ami de Brigitte Bardot. Il précède la sortie du quinzième long métrage de Vadim, Don Juan 73. Le film décline une identité variable : il a aussi pour titre Si Don Juan était une femme... Ou les deux à la fois, pour bien préciser l’intention. Bardot est Jeanne, Don Juan au féminin qui séduit et détruit. Dans la séquence qui nous préoccupe, elle a gagné le droit de se pavaner en reine des cœurs dans les draps conjugaux d’un crétin qu’elle veut humilier en séduisant sa très jeune femme, Clara. Jane, donc.

Don Juan 73 se déploie sur un scénario à sketches, émaillés de symboles du chic, de la modernité. Ici, l’icône de la féminité, Brigitte Bardot, commence son entreprise de séduction lesbienne dans une réception très mondaine : vêtue d’une robe de soirée et d’une cape orange de chez Givenchy, elle est au bras de Clara/Jane, habillée, très légèrement, par le couturier Loris Azzaro, l’inventeur des robes en mailles lurex et chaînettes de Tina Turner, et de la fameuse robe ajourée par trois anneaux de bois, lancée par le top-modèle Marisa Berenson. Devant la grossièreté d’un mari dominant, Clara, l’ingénue à frange, engage la conversation avec son aînée, avertie de longue date :

«  Je crois que tous les hommes sont un peu sauvages, non  ?

» Jeanne : Non, moi, j’ai été un peu civilisée.

» – Mais vous n’êtes pas...

» – Un homme  ?... Mais si... dans une autre vie.

» – Il y a longtemps  ?

» – Pas très longtemps. Dans les quatre cents ans, à peu près. À cette époque, en Espagne, c’était formidable. J’étais noble, riche, courageux et je séduisais toutes les femmes... J’étais jeune. Je suis mort à trente ans.  »

Jeanne/Brigitte inverse les genres. Clara/Jane n’en est pas troublée pour autant. Que répond-elle  ? « C’est vrai qu’on mourait jeune à l’époque...  »

Ah  ! L’innocence des jeunes filles  ! Ah  ! La magie du cinéma, terrain de jeu des appartenances changeantes et des amours croisées  !

Pour Bardot, égérie de la libération des corps, le film ne devait pas poser problème. «  Le sexe, pour Brigitte, n’est pas synonyme de péché, rien du fatras psychiatrique judéo-chrétien attaché à l’idée de plaisir  », écrit son ex-mari Roger Vadim, dans un de ses multiples livres de Mémoires, D’une étoile l’autre.



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