Crime gourmand à Saint-Malo by Jean-Luc Bannalec

Auteur:Jean-Luc Bannalec [Bannalec, Jean-Luc]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 2022-03-24T07:47:37+00:00

— Non, vraiment, Nolwenn… avec la meilleure volonté du monde, rien ne me vient à l’esprit.

C’était une situation vraiment compliquée, mais que pouvait-il bien y faire ? Pour l’heure, il n’avait pas la plus petite mission à lui confier.

Le commissaire s’était installé sur la terrasse du Bistro de la Grève, sur le long quai de Saint-Suliac. Il venait de commander deux cafés et deux croissants lorsque son assistante l’avait appelé. Elle avait appris qu’il y avait eu un nouveau meurtre et se trouvait en route pour le commissariat, où elle réunissait toute l’équipe pour une réunion à huit heures. Depuis la veille, ils se demandaient comment être utiles à l’enquête depuis Concarneau. Ils avaient regroupé toutes les informations qu’ils avaient pu trouver sur Internet, et Huppert avait déjà recueilli tous les renseignements utiles auprès des autorités et des banques, épaulée par les forces de police et de gendarmerie locales. Si, pour certaines affaires, il fallait regretter un manque de personnel, dans le cas présent il y avait presque trop de monde – ce qui, avec le troisième meurtre et l’ampleur médiatique qu’allait encore prendre l’affaire, était une bonne chose.

— Bien, bien, commissaire, se résigna Nolwenn. Mais c’est une situation frustrante… Nous ne pouvons rien faire d’autre qu’attendre. Pourtant, ça va faire du bruit dans Landerneau, cette affaire…

— Je sais…

— Le Ber continue à explorer les liens biographiques entre les sœurs Trouin et le légendaire corsaire.

Dupin n’en attendait pas moins.

La serveuse arriva avec sa commande.

— Merci, murmura Dupin.

— Il n’y a vraiment pas de quoi, dit Nolwenn, plus conciliante. Bon petit déjeuner !

C’était incroyable ! Elle semblait toujours savoir précisément où il se trouvait et ce qu’il faisait. Dupin mettait ça sur le compte d’un don surnaturel, druidique, et pourtant… il en était encore systématiquement bluffé.

— Vous savez que Saint-Suliac compte parmi les plus beaux villages de France. Et à juste titre. Appelez-moi s’il y a du neuf. (C’était une sommation.) L’affaire a l’air vraiment compliquée.

— À plus tard, Nolwenn.

Dupin s’étira sur sa chaise. Il but rapidement le premier café, puis, sans pause, le second.

Saint-Suliac était situé dans une baie paradisiaque, en forme de faucille. Derrière la très ancienne digue de pierre, une bande de gazon, avec des bancs régulièrement espacés qui invitaient à un moment de détente. La rue principale du village, qui menait au port de plaisance, se terminait par une jetée qui s’enfonçait dans la Rance. Le bistrot de la Grève n’en était pas éloigné, c’était l’endroit le plus beau du village, et il ne se trouvait qu’à quelques maisons du magasin de Walig Richard – quai des Lançonniers, sur l’étroite rue qui longeait la rive.

Tout ici était calme, tranquille, paisible – en un mot, idyllique. Et silencieux. Un silence absolu, en tout cas à cette heure matinale. Et un panorama grandiose, vaste et étendu.

L’eau remontait, c’était encore marée basse. La brume laiteuse qui flottait au-dessus de la mer déployait sa magie et produisait un fort scintillement argenté.

L’excellent café faisait son effet. Dupin ressentait l’énergie pure de la caféine drainant son cerveau.

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