Éthiopie Au Coeur by Roulet Claudine;

Auteur:Roulet, Claudine;
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 5689173
Éditeur: Plaisir de Lire
Publié: 2015-05-28T00:00:00+00:00

Bologne

Août 1980

Le mois d’août est à la porte. Chiara se réjouit de recevoir une très chère amie d’enfance, Costanza, qui vient en vacances à Bologne. Elle demeure à Florence et arrivera par train, le 2 août, vers 10h30. Il est entendu que Chiara ira seule chercher son amie à la Stazione Centrale. Elle n’a qu’à prendre un bus et ne veut en aucun cas partager la joie d’accueillir son amie. Les deux femmes se sont donné rendez-vous dans la salle d’attente des secondes classes.

Chiara s’en va, toute élégante. Elle, qui ne s’était jamais confectionné un vêtement pour elle-même, s’est fabriqué un joli petit costume, un deux-pièces, cousu en soie sauvage du même bleu que les yeux de Cornelia. Alerte, elle monte dans son bus et arrive sans encombre à la Stazione Centrale à 10h22. Elle se rend aussitôt à leur lieu de rencontre. Elle bout d’impatience. Le train de Costanza est annoncé. Chiara consulte sa montre chaque demi-minute, pour vérifier si elle coïncide bien avec l’horloge de la gare. Elle se tient près de la porte pour mieux voir arriver son amie. La reconnaîtra-t-elle ?

Soudain, c’est l’enfer. Une déflagration fait voler la porte en éclats. Le plafond de la salle d’attente s’écroule, tandis que le toit et la coupole de la stazione s’effondrent dans un déluge de verre et de poutrelles. Un nuage de feu et de poussière se répand dans tout l’édifice et l’air devient irrespirable. Un souffle puissant propulse Chiara dans le grand hall. Elle a l’impression confuse que le noyau de l’explosion est derrière elle. Néammoins, dans le hall, poutres et moellons chutent aussi. La couturière tombe, à moitié asphyxiée et blessée à la tête. Et sa jambe gauche est prise sous un gros bloc de pierre.

Des plaintes et des hurlements s’élèvent de toutes parts. De l’extérieur encore plus que de l’intérieur. Parce que, dans le grand hall, un lourd silence règne, aussi pesant que l’étouffement causé par la poussière. Ceux qui vivent encore toussent, étouffés, écrasés et broyés. C’est un vrai massacre.

On commence à entendre les hurlements des ambulances et les sirènes des voitures de pompiers. Autour de la gare, les gens courent en tous sens.

Chiara est l’une des premières à être secourue : son corps barrait le passage vers la salle d’attente. On l’emmène, avec d’autres blessés, vers l’hôpital le plus proche.

La déflagration a été entendue dans toute la ville. La radio a annoncé l’attentat de la Stazione Centrale. Giuseppe transmet la nouvelle à Cornelia et se précipite vers un bus, direction nord. Mais toutes les voies sont barrées pour laisser passer les secours. Giuseppe continue à pied. Comme tout le monde, il n’a qu’une idée en tête : voir. Savoir.

Choqués, les gens courent en tous sens. Que sera-ce quand ils parviendront à ce qui était, il y a une heure à peine, la Stazione Centrale ?

Giuseppe arrive aux abords du nuage de poussière. On devine l’incendie. Il voudrait aller secourir son épouse, s’approcher… Impossible. Un policier lui conseille d’attendre. Giuseppe lui demande si le train de Costanza est déjà arrivé.

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