Regain by Marcel Pagnol

Auteur:Marcel Pagnol [Pagnol, Marcel]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782877069137
Éditeur: Éditions de Fallois

DANS LA MAISON DE PANTURLE

Arsule se retrousse les manches, prend un balai de joncs et commence à balayer. Elle est heureuse, elle rit, elle fredonne. Elle balaie sous l’évier, elle arrache des herbes, elle gratte le parquet avec une vieille truelle. Mais au pied du mur, il y a une petite plante fleurie.

Arsule — Toi, je te laisse, parce que tu es jolie.

Elle nettoie autour. Soudain, on entend des pas d’homme. Elle écoute. Par la fenêtre, elle voit arriver les deux gendarmes. Elle paraît inquiète, elle ne bouge pas. Les gendarmes, dehors, se concertent.

Le brigadier — Voici probablement la maison que l’accusé nous a décrite. Cherchons la flaque de sang.

Ils cherchent, en effet, la flaque de sang. Ils montent l’escalier.

Le brigadier — D’ailleurs, nous ne la trouverons pas. La voilà.

En effet, sur la dernière marche il y a une tache brune.

Le gendarme — Il avait dit « flaque ».

Le brigadier — Ça devait être une petite flaque, qui a laissé une grosse tache. Cette tache laisse supposer en effet une blessure, peut-être mortelle. Mais où est le cadavre ? Et qui infligea la blessure ? Rasibus, très certainement. Mais agissons comme si nous n’avions aucun soupçon.

Il frappe doucement à la porte.

Au nom de la loi, ouvrez !

Il attend. Un silence. À l’intérieur de la maison, Arsule, effrayée, ne bouge pas. On entend une seconde fois la voix du brigadier impérieuse.

Le brigadier — Au nom de la loi, ouvrez !

Elle se décide. Elle ouvre la porte.

Arsule — Qu’est-ce que c’est ?

Le brigadier — Notre costume vous renseigne assez clairement sur nos fonctions. Pouvons-nous entrer ?

Arsule — Oui.

Elle recule ; ils entrent. Le brigadier inspecte les lieux, puis, brusquement, sous le nez d’Arsule, il dit sans respirer :

Le brigadier — Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Que faites-vous ici ? Êtes-vous née dans ce village ? N’avez-vous rien à vous reprocher ? Où sont vos papiers ? (Au gendarme.) Il faut circonscrire les recherches.

Arsule demeure muette. Elle ne sait à quelle question répondre. Elle ne dit rien. Enfin, elle essaie de parler.

Arsule — Je m’appelle Irène Charles. J’ai des papiers. Attendez.

Elle fouille dans son corsage, elle en sort un petit sac de toile dans lequel elle prend diverses feuilles et cartes qu’elle tend au brigadier.

Le brigadier (qui parcourt les papiers, lit parfois à haute voix) — Irène Charles. Célibataire. Profession : chanteuse foraine. Tiens !… Elle n’a pas une tête à chanter. Et comment se fait-il qu’étant chanteuse, vous ayez une truelle à la main ?

Arsule — Je nettoie… J’habite ici, maintenant.

Le brigadier — Depuis quand ?

Arsule — Depuis hier.

Le brigadier Qui vous a conduite ici ?

Arsule — Gédémus, le rémouleur.

Le brigadier — Et Arsule alors ?

Arsule — C’est moi.

Le brigadier — Et cette tache de sang, qu’est-ce que c’est ?

Arsule — Un chasseur, hier, qui a écorché un renard, pendu au crochet près de la porte.

Le brigadier — Chasseur ou braconnier ?

Arsule — Je ne sais pas. Un passant…

Le brigadier — Et vous habitez seule ici ?

Arsule — Non. Avec un homme.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.