Faux jour by Inconnu(e)

Faux jour by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-03-27T14:47:02+00:00


VI

CEPENDANT l’argent se faisait rare à la maison. Il fuit décidé que je ne retournerais pas en octobre au lycée Faraday, mais poursuivrais mes études sous la direction de mon père. À cette occasion, mon père me vanta les mérites de l’autodidacte et sa supériorité sur les individus dont la pédagogie scolaire a tué les inclinations naturelles.

Le concierge, n’ayant pas été payé depuis deux mois, refusa de vider notre boîte aux ordures.

« C’était une complaisance que je vous faisais… Pour cinq francs par semaine ! Monter, descendre, monter, descendre ! J’en ai plein les jambes ! »

Il fallut chaque soir envelopper les ordures dans un papier journal, en pressant du genou sur la masse molle pour la réduire, et les porter soi-même à la poubelle commune. Les bonnes que je croisais dans l’escalier de service me dévisageaient en ricanant. À travers les feuillets, le froid gluant des épluchures de légumes me poissait les doigts. Les poubelles étaient dans une courette hantée de chats gras et infirmes. Le concierge la surveillait à travers sa lucarne. Je sentais son regard suivre mes gestes et j’en souffrais.

Envoyé pour chercher des croissants, avec la recommandation de faire porter cet achat à notre nom, je recevais cette réponse :

« Le patron nous a défendu de vous rien vendre à crédit tant que vous n’aurez pas réglé votre note. » Mon père, à qui je répétais ces paroles, se dépensait en colères bruyantes, parlait d’aller porter plainte au commissariat, d’envoyer des lettres recommandées, ou même par ministère d’huissier, de faire des révélations sensationnelles sur la fabrication malsaine du pain dans l’arrondissement, et finissait par changer de fournisseur.

Les rares pièces d’argenterie, une « salamandre », la bague, le smoking de mon père disparurent. Nos menus furent plus maigres et moins variés. Mon père affirma qu’il adorait les macaronis et les pommes de terre bouillies. Gisèle poussait le raffinement jusqu’à exiger du fromage râpé à tous les repas.

Le courrier, que le concierge ne prenait plus la peine de nous remettre de la main à la main, mais qu’il glissait simplement sous la porte, se faisait de jour en jour plus volumineux. Mon père déchirait les enveloppes avec une fièvre mal déguisée. Gisèle, collée à son épaule, lisait les lettres à mi-voix. Mais lui, jetait un simple coup d’œil sur la signature et résumait sèchement :

« Guillemot… C’est pour les trois mille balles du mois de juin… Il peut toujours se fouiller… Des intérêts usuraires… » Ou encore :

« Fabre ! Ah ! Oui ! Fabre… Mais je ne lui ai jamais dit que je lui rendrai ! Il m’a donné ! Il ne m’a pas prêté ! Quelle canaille ! On est entouré de canailles ! » Il abattait son poing sur la table. « Ah ! Si seulement mon affaire pouvait marcher ! » Il ne précisait pas la nature de l’affaire. Ce qui n’empêchait pas Gisèle de murmurer en lui passant la main dans les cheveux :

« Elle marchera… Elle marchera… J’en suis sûre… Et tu



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