Encore plus de bonbons sur la langue by Gilbert Muriel

Encore plus de bonbons sur la langue by Gilbert Muriel

Auteur:Gilbert, Muriel [Gilbert, Muriel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Chroniques, Essai, Grammaire, Vocabulaire
Éditeur: Vuibert
Publié: 2019-09-02T22:00:00+00:00


CE QUI SE PASSE ?… OU CE QU’IL SE PASSE ?

Faut-il dire « ce qu’il se passe » ou « ce qui se passe » ? Dernier en date à m’interroger sur cette question qui semble taquiner moult Français, Jean-Claude, qui a lu « sur RTL.fr, dans la transcription d’une chronique de Pauline de Saint-Rémy : “Le chef de l’État n’est pas satisfait de ce qu’il se passe” ». Il se demande si cette formulation n’est pas fautive, et s’il ne faut pas dire et écrire : « … ce qui se passe ».

La solution de Jean-Claude est juste… mais, ne lui en déplaise, celle de Pauline de Saint-Rémy l’est aussi : « Le chef de l’État n’est pas satisfait de ce qu’il se passe », ou de « ce qui se passe », les deux fonctionnent. Ce qui peut vous induire en erreur, c’est une particularité du verbe se passer. Se passer, comme arriver, rester, mais aussi pleuvoir, neiger, falloir, parmi d’autres, sont des verbes qui peuvent (ou qui doivent, selon les cas) être utilisés avec ce que l’on appelle une « construction impersonnelle ».

Une construction impersonnelle, c’est quand un verbe se construit avec la troisième personne du masculin singulier, il, mais que ce pronom il n’est que le « sujet apparent » : c’est bien le sujet de la phrase, le verbe s’accorde donc à la troisième personne, mais le pronom il ne renvoie à rien, c’est un pronom que l’on ne peut pas remplacer par un nom – alors qu’un pronom, comme son nom l’indique (« pro-nom »), est d’ordinaire « mis pour » un nom.

Des exemples ? Dans une construction habituelle, si je dis « Il mange », « Il s’en va », « Il m’énerve », il y a bien quelqu’un qui mange, qui s’en va ou qui m’énerve. Mais quand je dis « Il pleut », qui est-ce qui pleut ? Pas vous. Ni moi. Personne ne pleut. Si « Il faut que je parte », qui « faut » ? Toujours personne. Eh bien, c’est pareil pour « Il se passe quelque chose », « Il reste du poulet » ou « Il arrive un truc dingo ». On ne peut pas remplacer il par un nom.

Certains verbes n’existent que dans ce type de construction : d’abord, tous les verbes qui ont trait à la météo : il pleut, il neige, il vente, il brouillasse, il tonne, il fait un temps de cochon. Mais c’est aussi le cas d’un verbe aussi banal et utilisé que falloir : « il faut » (d’ailleurs, « nous fallons », « elle faut » ou « ils fallent » n’existent pas…). Pour falloir, c’est simple, c’est « ce qu’il » qui s’impose : « ce qu’il faut faire, ce qu’il faut dire » (et surtout pas « ce qui faut dire », bien sûr).

Pour arriver, se passer, rester, verbes qui peuvent avoir une construction impersonnelle ou non, on a le choix : « Je ne sais pas



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