Corail contre diamants by Francesca Trivellato

Corail contre diamants by Francesca Trivellato

Auteur:Francesca Trivellato [Trivellato, Francesca]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire, Nature
ISBN: 9782021142846
Éditeur: Seuil
Publié: 2016-08-15T04:00:00+00:00


De Lisbonne à Londres : le commerce des diamants indiens dans les années 1740

Encouragés par les nouvelles règles édictées par l’East India Company entre 1664 et 1732, de nombreux Sépharades de Livourne commencent peu à peu à privilégier la connexion Londres-Madras pour l’échange des coraux et des diamants, au détriment de la route traditionnelle Lisbonne-Goa. Madras est plus proche des mines de Golconde que Goa ; les Anglais y ont construit le fort Saint-George, ainsi qu’un avant-poste commercial en 1639-1640. Comme le note le voyageur anglais Alexander Hamilton, il vaut mieux acheter les diamants directement à la mine, où ils sont exemptés de taxes, que se les procurer à Madras. En 1650, les Anglais ouvrent un marché du corail à Madras. Dans les années 1670, les Juifs londoniens commencent à s’intéresser au commerce des diamants sur la côte de Coromandel : un petit nombre s’installe même à Fort Saint-George à partir du milieu des années 1680. Des marchands de diamants du calibre de Jean Chardin et de Thomas Pitt font fréquemment appel à leurs services. En 1731, des marchands indiens témoignent même de l’excellente connaissance que certains Juifs possèdent au sujet des mines de diamants locales132. L’influence des marchands juifs dans ce secteur d’activité est telle qu’en 1687, pour la première fois dans l’histoire d’une institution politique européenne, sir Josiah Child conçoit l’idée d’inclure un représentant juif dans le conseil municipal qui administre le comptoir de l’East India Company à Madras133.

Après les années 1680, Madras prend de plus en plus d’importance dans l’exportation des diamants bruts. Cette évolution est le fruit d’un long processus qui s’explique par différents facteurs, au-delà de l’affirmation de la puissance anglaise dans l’océan Indien. Malgré le déclin de l’Empire portugais en Inde, Goa continue ainsi de jouer une fonction cruciale comme principal centre d’approvisionnement en diamants jusqu’en 1730134. C’est à Goa, à la fin du XVIIe siècle, que Tavernier conclut la plupart de ses affaires en Asie, y achetant diamants, rubis, saphirs, topazes et autres pierres précieuses135. Manuel Levy Duarte (1631-1714), un Juif portugais actif à Amsterdam dans le commerce des bijoux, reçoit en Hollande la plupart de ses diamants bruts en provenance de Goa, via Lisbonne ou Livourne. Plus rarement, lui et ses associés achètent des pierres auprès des équipages et des passagers qui reviennent d’Inde à bord des navires anglais ; ils peuvent choisir également de s’associer avec des Juifs sépharades pour envoyer des agents acheter directement les diamants à Madras et à Surate136.

Dans les années 1730, le commerce mondial des diamants bruts connaît d’importants bouleversements. Les diamants brésiliens inondent les marchés européens et font baisser les prix. Des troubles politiques éclatent au Coromandel, par ailleurs touché par la famine137. En 1730, les associés d’Ergas & Silvera reprochent à leurs correspondants de Goa d’envoyer des diamants plus chers et de qualité moindre que ceux qui proviennent de Madras et de Surate. Ils informent en même temps leurs intermédiaires à Lisbonne qu’ils comptent réduire la quantité de corail qu’ils envoient à Goa, à moins



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