Pour dire que je t'aime by Anna Martin

Auteur:Anna Martin [Martin, Anna]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Gay
ISBN: 9781635333268
Publié: 2016-11-21T23:00:00+00:00

XIII

LE SOLEIL de fin d’après-midi se dissipait doucement au profit de la soirée et j’allumai de grandes bougies à la citronnelle pour éloigner les insectes. Elles furent d’une efficacité étonnante, nous évitant d’obliger tout le monde à se réfugier à l’intérieur. La nuit ne tombait que bien plus tard. J’aimais ce moment de la journée entre la baisse de la chaleur et la montée de la nuit.

Je mis bien trop longtemps à rattraper le temps perdu avec Cara, qui était plus qu’une belle-mère pour moi. En parente supplémentaire, elle m’était d’autant plus chère maintenant qu’elle était la seule mère qu’il me restait. Je savais que faire, le deuil de la mienne demanderait du temps, surtout vu les circonstances de sa mort, mais Cara m’aiderait à la surmonter. Comme toujours.

Mon rôle en cette journée consistait essentiellement à servir des verres quand les invités en voulaient, à m’assurer que la nourriture défilait et à nettoyer les assiettes sales. Et à embrasser Will à l’occasion. Je lui interdisais de m’aider, le laissant à sa conversation intense avec mon père et le sien, qui parlaient de sujets divers.

J’avais bu deux bières, pas assez pour me griser, et entamais ma troisième, en observant les invités, debout sur la terrasse.

— Tout ce bois est en train de moisir, dis-je lorsque Will se plaça derrière moi.

Mes coudes étaient posés sur le garde-corps, mais j’évitais de trop m’appuyer dessus. Mon futur projet à l’extérieur serait de remplacer l’intégralité de la structure.

— Alors, fais-le réparer.

— Bientôt. Je veux d’abord en finir avec la peinture.

Nous échangeâmes de place, de façon à ce que je sois collé à son dos, nos mains entrelacées.

— Notre mariage pourrait ressembler à ça, lui soufflai-je à l’oreille, afin que personne n’entende.

J’indiquai le barbecue de nos mains jointes, où nos pères respectifs étaient toujours plongés dans leur conversation et où ma sœur et celle de Will étaient allongées sur des chaises longues, avec les enfants qui couraient en cercle autour d’elles.

— L’idée me plaît.

— Si l’on rendait ça plus formel, avec des décorations pour faire plus élégant…

— Et de plus beaux vêtements, ajouta-t-il.

Je ris et glissai nos mains sous son T-shirt, sans me soucier des regards.

— Le veux-tu vraiment, tout ça, Jesse ?

— Mhum. Il serait temps, tu ne crois pas ?

— Tu es dans une drôle d’humeur, aujourd’hui.

— Je suis d’humeur à t’aimer.

— Je la connais bien, celle-ci.

Il se tourna dans mon étreinte et inversa à nouveau les positions, appuyant mon dos contre le garde-corps et m’entourant de ses bras. Que nos familles soient présentes semblait n’avoir aucune importance. Lorsqu’il se pencha en avant et agença nos hanches, je souris dans son baiser et il colla sa joue à ma main, se complaisant dans la douceur de la scène.

Mais j’aurais dû le prévoir. Distrait par ses baisers, j’en avais oublié notre environnement. Le garde-corps en bois pourri craqua sous notre poids, se brisa, puis finit par voler en éclats. Au loin, j’entendis quelqu’un crier et m’agrippai au T-shirt de Will, quand toute la terrasse trembla et que le garde-corps s’effondra derrière moi.

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