libre d'aimer by catherine anderson

Auteur:catherine anderson [anderson, catherine]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-06-10T17:41:41.657000+00:00

Chap 16

Cette nuit-là, Molly rêva de Sarah et de son père. Ils vinrent la hanter dans son sommeil, sans doute parce qu’elle s’interdisait de penser à eux pendant la journée. «Aide-nous, Molly !» criaient-ils en tendant les mains vers elle.

Elle luttait pour les aider, mais une foule d’obstacles se dressaient en travers de son chemin. Dans les ténèbres, des ombres mouvantes, noires comme de la suie, pourvues de tentacules cherchaient à s’enrouler autour d’elles. Elle ne savait pas où elle était, ne reconnaissait rien.

Elle arriva au bord d’un précipice qu’enjambait un pont branlant. Au fond du gouffre, sur le côté opposé, elle aperçut Sarah et son père, les bras tendus vers elle. Elle leur cria qu’elle venait à leur secours et se précipita vers le pont. Elle courut, courut sur les planches, mais en ayant l’impression de faire du surplace. Puis le pont commença à rétrécir, jusqu’à n’être plus qu’une étroite poutre de bois, pas plus large qu’une règle d’écolier. Redoutant de perdre l’équilibre, Molly voulut faire demi-tour, quand elle s’aperçut que le pont avait disparu.

Ce fut la chute. Elle plongea dans le précipice tandis que les cris de son père et de Sarah faiblissaient. Quand elle atteignit le fond du gouffre, elle s’enfonça dans une boue noire, visqueuse comme du pétrole. Elle se débattit, finit par remonter à la surface, chercha des yeux son père et son amie.

Elle lès repéra au bout d’un moment, les bras toujours tendus vers elle en un geste de supplication. Elle essaya de nager malgré la boue noire qui l’aspirait vers le fond. «J’arrive, pensait-elle. Cette fois-ci, je vous ai entendus et je viens vous secourir. »

Enfin, elle vit Sarah, juste devant elle. Un mystérieux projecteur éclairait son amie d’une lumière crue qui ne dissimulait aucun détail. Vêtue d’une chemise de nuit blanche trop grande pour elle, Sarah affichait la même expression terrorisée et perdue qu’elle avait quelques jours avant sa mort. Dans sa main droite, elle serrait un rasoir. «Aide-moi», cria-t-elle. Puis, avec un sanglot, elle se taillada le poignet.

« Non ! hurla Molly. Attends-moi, Sarah. Je serai près de toi dans une minute. Je t’en prie, ne fais pas ça ! »

Mais il était trop tard. Sarah s’écroula sur les genoux, tandis que le sang giclait sur sa chemise de nuit. Horrifiée, Molly constata qu’elle nageait dans une boue écarlate. Sarah se mit à pousser des cris d’agonie alors que Molly s’acharnait encore à la rejoindre. Oh, non ! Ça ne pouvait pas recommencer. C’était impossible.

Molly se réveilla en un sursaut et demeura quelques instants immobile, scrutant l’obscurité. Lentement, elle s’assit sur le lit; elle était en nage, les draps étaient enroulés autour de ses jambes. Les cris de Sarah résonnaient encore dans sa tête. Elle avait enfoui son visage dans ses mains quand, tout à coup, elle tendit l’oreille. Les cris ne provenaient pas de son rêve. Elle se leva d’un bond, et courut à la fenêtre. Des flammes orangées se reflétaient sur la vitre. Elle l’ouvrit, se pencha à l’extérieur, et découvrit que les écuries étaient en feu.

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