Les Croisades by Zoé Oldenbourg

Les Croisades by Zoé Oldenbourg

Auteur:Zoé Oldenbourg [Oldenbourg, Zoé]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782072407772
Publié: 2013-09-14T22:00:00+00:00


MÉLISENDE

La reine Mélisende allait exercer la régence aussi longtemps et même plus longtemps que l’âge de son fils ne devait l’exiger. Elle n’oubliait pas que son époux n’avait été roi de Jérusalem que grâce à elle, elle la fille aînée et l’héritière de Baudouin II. Pour elle, la mort de son mari — qu’elle pleura avec toutes les apparences de la plus sincère douleur — était avant tout une occasion de satisfaire enfin sa passion du pouvoir.

On sait que déjà du vivant de Foulque elle avait cherché à intervenir dans les affaires du gouvernement, autant que le lui permettait l’influence qu’elle avait sur son époux. Ne se contentant pas du rôle de conseillère, elle avait fait son œuvre personnelle de là fondation de couvents, et avait également tenté des démarches pour le rapprochement entre la communauté franque et les communautés chrétiennes indigènes : étant elle-même née dans le pays et à demi indigène, elle était bien placée pour jouer ce rôle. Elle fit admettre dans l’intimité de son époux le métropolite jacobite Ignace d’Édesse, et Michel le Syrien nous apprend que le Franc d’outremer qu’était Foulque recevait volontiers ce prélat et le regardait « comme un ange du ciel ». La plus jeune des sœurs de la reine, Yvette, étant entrée en religion, Mélisende se mit en devoir de faire construire à son intention une abbaye nouvelle qu’elle allait enrichir par des dons généreux ; elle ne tarda pas à user de son influence pour faire nommer Yvette abbesse de sa communauté.

Mélisende était pieuse — d’une piété orientale, austère, exaltée ; jusqu’à sa mort elle allait garder cette passion pour les églises, et épuiser son trésor en donations pieuses. Mais, une fois devenue régente, elle se révéla beaucoup plus avide d’honneurs terrestres que de perfection spirituelle, et se fit rapidement « craindre » des barons de Jérusalem (comme le dit Guillaume de Tyr). Elle se faisait également craindre, ou du moins respecter, de ses deux fils ; le jeune Baudouin III resta jusqu’à l’âge de vingt-deux ans soumis à la tutelle de sa mère, et ne s’en délivra que sous la pression des barons et de l’opinion publique, et après une lutte serrée. La piété de Mélisende n’était pas entièrement désintéressée : cette femme ambitieuse cherchait à mater le parti des « barons » — la force militaire — grâce à l’appui du clergé et de la population indigène.

Or, Mélisende, semble-t-il, aimait surtout le pouvoir pour lui-même ; elle ne possédait ni intelligence politique, ni véritable conscience de ses responsabilités, ni désir de faire triompher un idéal ou un parti quelconque. Elle savait se faire obéir et était incapable de tirer parti de l’autorité qu’elle exerçait. Sa régence fut marquée par des catastrophes militaires et des erreurs politiques, parce que toute situation critique la laissait désemparée. Finalement, pour les décisions les plus importantes — celles de la guerre et de la paix — elle était obligée de s’en remettre à son entourage immédiat de barons hiérosolymitains, et — parmi ces



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